Les Garces des Capitelles
Il est un lieu de mon territoire bécassier nommé les Capitelles en raison de la présence de cabanes de pierres sèches, abris agricoles datant des 18ième et 19ième siècles forts répandus dans l’ Uzège.
Ce site est remarquable car, regroupant sur un demi hectare une bonne douzaine de ces cabanons encore assez bien conservés, et autour desquels les murets de séparation et autres faïsses subsistant forment un véritable labyrinthe envahit de buis et chênes verts.
L’ensemble est bien caché dans une forêt également riche en chênes verts et blancs, au sol tapissé de buis, et quasi impénétrable.
L’accès se fait par un chemin piétonnier, et s’il existe bien une signalisation précaire, elle est tellement incompréhensible sauf des initiés (sans doute héritiers des camisards du Désert) que suivre cette signalisation vous fera arriver partout sauf aux capitelles !
Il s’agit donc d’une véritable réserve à Scolopax, d’autant que le versant nord domine un vallon inabordable, de part la pente abrupte et vierge de tout chemin, en dehors des drailles de sangliers où l’on ne pourrait circuler qu’à quatre pattes !
Dernière précision, le site étant en limite de territoire, il est très peu visité par les rares bécassiers de mon coin ou de la commune voisine, et le plus raisonnable en raison des battues est de le visiter le lundi jour de non battue où la forêt retrouve la tranquillité et la sécurité !
Et pour bien suivre la suite petit plan :
Le cadre planté, je vais ici essayer de vous faire vivre mes aventures bécassières en compagnie de Dune, setter anglais Blue Belton de 8 ans, à qui comme vous le verrez tout le mérite revient.
J’inaugure le secteur le 12 novembre avec J. invité du weekend.
Je n’ai pas encore bien repairé l’accès « officiel » du site et on se fraie un chemin tant bien que mal à travers le dédale des murets.
Le beeper de Dune a retenti bas dans le vallon mais bien trop loin de nous pour espérer voir quoique ce soit, d’autant que la visite touristique du site nous préoccupe plus que la chasse .
A son retour, la chienne est toute excitée et je sais de ce fait qu’elle a été au contact d’une bécasse ; elle part comme une fusée, à son habitude, vers le haut et on suit à notre allure pour retrouver le chemin forestier.
A peine prenons nous pied sur le chemin que la sonnaille ralentit et se tait, précédent de peu le beep d’arrêt qui me permet de localiser Dune à une cinquantaine de mètres devant nous et sur notre droite.
Soucieux de faire tirer mon invité, je le positionne à l’aplomb de Dune, dans un secteur un peu plus dégagé et décide d’aller au contact pour déclencher l’envol vers lui .
Arrivé à dix mètres du chien, le beeper retentit toujours et je lance le signal d’appel pour faire bouger la chienne qui après quelques hésitations reprend l’arrêt cinq à six mètres sur ma droite. Cette fois ci, l’oiseau s’envole, pas du tout dans la direction espérée de mon invité mais à l’opposé dans le sale. Au coup de bras, je la stoppe de façon inespérée entre deux chênes.
Dommage pour J., d’autant que le reste du parcours ne nous permettra pas de retrouver d’oiseaux, mais il se rattrapera le lendemain sur un autre lieu !
17 Novembre, même secteur, cette fois-ci en compagnie de mon épouse, Nathalie, à qui j’ai promis de faire découvrir le site .
On aborde plus à l’aise le secteur car j’ai compris qu’il suffisait de rester au contact d’un mur pour circuler facilement et atteindre le chemin qui borde sur le bas les Capitelles et circule en aplomb du vallon, où le temps de descendre, le beep de Dune résonne déjà !
Je la situe devant nous à mi-pente et tente une approche vite stoppée par le caractère impénétrable du lieu.
La cloche reprend, je n’ai rien vu, rien entendu et, dépité, je remonte non sans mal au chemin où Nathalie me dit avoir entendu l’oiseau se poser devant elle.
Dune arrive, bloque devant nous dans les buis confirmant les dires de madame mais elle repart très vite puis se bloque 30 mètres plus loin à l’arrivée du chemin .
Je suis prêt, l’arrêt tiens bon mais rien ne se passe malgré le jet d’une branche. Dune reprend et file droit en haut.
Nous arrivons au chemin piétonnier pour entendre le beep d’arrêt au même endroit que la dernière fois. Cette fois, je me positionne au clair où j’avais laissé J. et suggère à Nathalie, peu enthousiasme, d’aller voir la chienne. Elle reste sur le chemin et n’a pas fait 10 mètres quand l’oiseau lui arrive droit sur la tête !
Je laisse passer et tire derrière au-dessus des Capitelles où je devine la chute de l’oiseau.
Au coup de feu, Dune est arrivée et je lui fais sauter directement un muret pour être sûr de ne pas perdre l’oiseau en recherchant le passage.
La cloche se tait, Dune à son habitude est couchée sur la bécasse et ne bougera plus jusqu’à ce que j’arrive pour la ramasser, car hélas il ne faut pas compter sur elle pour le rapport ! Ce n’est pas son job !!
L’oiseau est bagué.
Ce sera le seul de la sortie.
27 novembre, les difficultés, justifiant le titre, commencent !
Le début de la traque est le même que précédemment : Arrivée en bas des Capitelles, le beep raisonne dans la pente sous moi mais cette fois-ci, cela ne dure pas et un coulé s’amorce partant droit devant, toujours parallèle à mon chemin ; je continue donc, n’ayant aucune idée où me mènera ce chemin qui finit par sembler s’interrompre à angle droit à l’autre bout des Capitelles, secteur jusqu’à présent inexploré. Je suis encore à me demander ce que je vais faire quand nouvel arrêt prolongé.
Je lance le rappel pour faire bouger Dune et c’est la bécasse qui m’arrive dessus entre les arbres et se pose devant moi à cinq mètres ! J’attends l’arrivée de Dune et décide de glisser sans bruit de cinquante cm pour mieux me positionner, mais l’oiseau démarre droit devant, dans le sale, mon coup de fusil tardif ne blessant qu’un ou deux chênes au passage !!
Dune arrive pleine d’excitation et je décide de suivre le chemin qui semble remonter en haut vers le chemin piétonnier .
Bien m’en prend car je découvre alors l’entrée « officielle » des Capitelles, ce qui me sera bien utile par la suite. Par contre, la bécasse a disparu !
La sortie est interrompue par l’heure déjà tardive et on en restera là.
28 Novembre :
Je décide contre mon habitude de retourner dés le lendemain sur le coin, surtout pour finir de comprendre l’accès découvert hier et qui semble plus simple et de progression logique, évitant de revenir sur ses pas .
J’en suis encore à tenter de retrouver mes marques quand le beep se fait entendre déjà loin en bas dans le vallon. J’ai juste le temps d’arriver à l’angle quand la bécasse qui, visiblement n’a pas tenu, me fonce dessus et j’en reste sans réaction !! On la recherchera sans conclure dans toutes les directions de fuite présumée pendant une petite heure !
Heureusement, la suite du parcours sera plus enthousiasmant avec 4 nouveaux contacts et 2 autres oiseaux vus mais aucun ne pourra être tiré ! Les quelques oiseaux du secteur sont maintenant bien cantonnés et connaissent leurs bois mieux que moi.
5 décembre :
Arrivée aux Capitelles par l’accès « officiel » .
Au vu des deux dernières sorties, je descends rapidement à l ‘ « angle » et me positionne prêt à tout. Non mais !
Mais le beep résonne loin, loin devant et Dune ne bouge pas .
Je réalise alors l’existence d‘une draille abordable prenant à l’angle et descendant dans le vallon. En désespoir, je décide de descendre un peu. Toujours rien. Tentative d’appel de Dune mais le beep retentit toujours loin devant et très bas. En désespoir et sans doute stupidement, je tire un coup de feu en l’air et là, ça démarre mais pas dans un bruit d’ailes !
Ce sont 4 ou 5 sangliers qui viennent me contourner et passer dans mon dos à cinq mètres de moi !!
Ce n’est surement pas Dune qui les arrêtait car elle s’en désintéresse .
Par contre, elle est revenue au coup de feu, très excitée et on reprend notre quête.
Cinquante mètres plus loin, Dune se bloque dans le sale, très sale juste sous la piste, là où Nathalie avait entendu un oiseau, il y déjà trois semaines.
Je suis prêt à toute éventualité, bien positionné :
l’arrêt dure, je lance un petit caillou et la Garce démarre à grand bruit d’ailes mais sans s’élever, elle plonge entre les buis et je ne peux tirer.
Au moins, elle est partie dans la bonne direction.
On poursuit et finalement j’arrive au chemin du haut où Dune, toute énervée, entre dans le bois, tourne, tourne et finit par bloquer presque devant moi à deux mètres du chemin.
Je recule sans faire le moindre bruit, attends un peu et finit par lancer une pierre devant Dune.
L’oiseau, dans un grand fracas, démarre, j’ai épaulé, il va sortir au chemin mais non, je l’ai à peine entrevu au ras des chênes, sans aucun tir possible car elle longera scrupuleusement l’allée en restant au bois sans se faire voir.
La recherche ne donnera rien de nouveau et l’après midi se finira avec 4 autres contacts, deux autres oiseaux entrevus et toujours aucun tir .
Suite à venir si vous le souhaitez !