Le Forum des passionnés de Setter Anglais

 
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La guerre des boutons

06 janv. 2018 21:13

Je vois que la guéguerre en matière de régulation est toujours vive et qu’hélas elle a encore de beaux jours devant elle. Si je n’entretiens pas l’espoir d’y mettre un terme définitif, je vais au moins tenter de m’y positionner. Voici donc ce que j’en pense.

À la question « la pression de chasse est-elle la plus grande responsable de la régression des effectifs de faune chassable? », je répondrais « non », bien sûr que non: Je dirais même que son impact se positionne loin derrière les plus grandes responsabilités (historiquement et actuellement) que sont les dégradations phytologiques, sylvicoles, acquatiques et atmosphériques, reconnues aussi comme les principales causes du dérèglement climatique et de ses excès modernes (quand tout épisode météorologique s’amplifie). Notons que ces « inconvénients » qui sont les conséquences de l’intensification (sans limites) de l’activité humaine (surtout d’élevage et d’agriculture) deviennent des causes de raréfaction quand on les regardent avec nos yeux de chasseurs de bécasses. Bref, l’effet papillon. Bien peu de gens peuvent rendre compte du nombre d’espèces d’oiseaux qui a complètement disparu de la planète sans que personne ne s’en soucie. Des espèces qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune chasse et qui n’ont jamais rencontré de « méchants chasseurs » de leur vivant. Je prendrais juste un exemple à notre portée: l’hirondelle. Nos cieux en sont devenus quasi déserts, eux qui en étaient si habités et animés jusque dans les années 70. Est-ce la chasse qui les a éradiquées?
À la question « la pression de chasse amplifie-t-elle la régression des effectifs des espèces dont le renouvellement ne tient qu’à elles-mêmes (et leur reproduction naturelle) et non à la compensation humaine? », je répondrais « oui », bien sûr que oui: Si sur un potentiel de mille oiseaux, l’impact de l’Homme hors chasse en tue 900, il nous en reste donc 100 pour satisfaire la « distraction chasse » et l’absence de tous ceux que nous « prélèverons » se remarquera davantage que sur l’effectif de mille. L’impact de la soustraction est ici proportionnel. C’est pourquoi je dirais que nous assumons une culpabilité illégitime compte tenu des « grandes responsabilités » mais légitime au regard de la portion congrue qu’il nous reste...
Je viens d’utiliser un mot qui me gène aux entournures et qui est né de la nécessité de redorer le blason de la Chasse auprès du grand public qu’il soit anti-chasse ou neutre. C’est le mot « prélèvement ». Se sent-on mieux quand on a dit « j’ai prélevé... » à la place de « j’ai tué »? De plus, cette terminologie est impropre à la chasse des gibiers migrateurs pour la raison évoquée plus avant. On ne peut prélever que ce que l’on cultive ou élève. On prélève quand on maîtrise les ratios d’un cheptel (comme pour certains grands gibiers). Je terminerais ce chapitre en disant que le PMA pour la bécasse est certes:
malheureusement restrictif et contraignant comme toute règlementation des domaines pêche et chasse
malheureusement voué à devenir de plus en plus restrictif et contraignant
malheureusement trop globalisé sur un territoire national et peu adapté aux territoires régionaux (voire plus ciblés)
malheureusement trop arbitraire car absolument sans aucun rapport avec les données quantitatives et temporaires des populations « visiteuses »
malheureusement trop inégal (et donc ressenti injuste) sur le plan international (européen, pour nous)

Mais on peut aussi le voir comme une première pierre, une préhistoire, un exemple, une pâte à modeler qui devra bénéficier de tous les progrès technologiques en matière d’observation et de suivi pour « grandir » en s’y adaptant de mieux en mieux. On peut le voir comme une base de débat duquel il faudra extraire et retenir tous les avis. Bref, comme dans la Grèce antique, la politique commence sur le forum, et la passion de la bécasse n’y fait pas exception... Nous avons des instances, et comme dans tout champ politique, ces instances, c’est nous! Les discréditer, c’est nous dévaloriser.

Pour conclure, je dirais que cela me navre toujours de nous voir si opposés sur des principes qui manquent d’écoute et de respect. Et plutôt que de nous renvoyer dos à dos, je nous proposerais bien de suivre ce principe là: « ce qui est bon pour moi ne l’est pas forcément pour les autres ». Gardons toujours à l’esprit que l’on pourra difficilement faire se comprendre un chasseur A qui rencontre cent bécasses par saison avec un chasseur B qui n’en rencontre que cinq et un chasseur C qui chasse tous les jours (sauf vendredi) avec un chasseur D qui ne chasse qu’un jour. J’entends même parler de jalousie, je n’ose pas y croire...
Mais aussi bizarre que cela vous paraîtra, ce n’est pas à ceux qui visent les trente oiseaux comme ils font « le plein » que je désire m’adresser. Je préfère garder ma confiance en leur(s) expérience(s). Ces camarades chasseurs se réalisent à travers leurs tableaux et incarnent le principe ancien et tenace selon lequel le meilleur chasseur (ou pêcheur) est celui qui « prend » le plus. Leur reconnaissance en dépend. Mais qui suis-je pour juger sachant qu’on a tous un besoin de reconnaissance ici ou là. Le mien n’est pas meilleur pour autant. Et les choix de responsabilité ont toujours été des affaires très personnelles et très évolutives, comme les mœurs...

Pour ceux qui privilégient le « travail » du chien et pour qui la « prise » de la bécasse est sinon secondaire du moins une validation, j’éprouve un très grand respect aussi. Ceux là filment et photographient davantage... Parfois, dans le développement de leur crédo, il peut leur arriver d’oublier que leur activité fait partie initialement de l’activité chasse. Que cette activité chasse a un avenir très incertain. Que cette activité chasse n’est pas vraiment dans l’air du temps. Que cette activité chasse a et aura besoin d’être défendue. Que cette activité chasse n’a pas la « chance » de sa sœur la pêche d’être praticable « no kill » (quoique, si on les écoute bien). Que cette activité chasse perdra (encore plus) de son attractivité quand la « prise » d’une bécasse sera rendue unique par saison et par chasseur par la loi (pma) et la nécessité de « gérer la pénurie ». Que cette activité chasse n’est pas en premier le champ de l’agility dog. Nous avons suffisamment d’ennemis qui nous font la guerre de l’extérieur, de grâce ne donnons pas dans la guerre civile. Ne nous donnons pas de leçons d’éthique condescendantes. Ne donnons pas des noms d’oiseaux (même et a fortiori bécasse) à ceux qui souhaitent tuer moins pour profiter plus. Et chassons la bécasse, seul ou à plusieurs.
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Re: La guerre des boutons

08 janv. 2018 21:46

Bravo ! super ! extra ! génial ! et vraiment bien écrit ! j'applaudis !! ;;t;;
 
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Re: La guerre des boutons

08 janv. 2018 23:09

Merci Francke. Je joins ici une copie pour développer un échange que j’ai eu avec un collègue qui n’est pas d’accord avec la première question/réponse, sur un site dédié à la bécasse. Mes dernières réponses, sur le fil.


Pourtant, toutes les espèces en voie de disparition en ce qui concerne les oiseaux ne sont pas impactées par la chasse mais avant tout par les pesticides et plus localement (pour les oiseaux sédentaires de montagne) par le tourisme blanc. Prenons la perdrix, par exemple, si l’on n’agit pas sur son biotope en replantant gîte et couvert, on aura beau en réimplanter tant et plus, ce sera peine perdue. Pour le grand gibier, c’est une autre histoire, et là tu as raison mais surtout avant l’ère des plans de chasse. Depuis, il est même devenu la preuve que la gestion cynégétique est son seul gage d’expansion (jusqu’à la limite de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique) et de régulation. Le problème particulier de la bécasse, contrairement au coq de bruyère et à d’autres espèces, c’est que l’on ne peut pas pratiquer un tir sélectif (autre que l’abstention de tir) à cause de son absence de dimorphisme visible et identifiable à distance. Hélas, ce n’est qu’après avoir « prélevé » l’oiseau que l’on peut affirmer si c’est un jeune ou une femelle... Ce serait top de ne tirer que sur les djeuns... C’est pourquoi les progrès du suivi de sa reproduction et de ses migrations sont les seuls garants d’une gestion de cette espèce, avec adaptation du PMA, même si cet effort restera toujours approximatif et trop global. Compte tenu de la disparité des territoires périodiquement colonisés, en France et ailleurs, l’idéal vers lequel il faudrait tendre serait que l’adaptation (en direct) du PMA se fasse sur des données scientifiquement relevées et non sur le degré de « bonne conscience » et de courage de certaines fédérations, et en fonction des origines des flux migratoires qui sont assez divers sur notre pays. Si ne rien faire est suicidaire, « tendre vers » cet objectif me semble être obligatoire, même si contrairement au grand gibier (hormis le sanglier) cela ne pourra jamais être aussi « pointu ». Maintenant, élargissons notre vision. Pour ne pas donner du grain à moudre aux adeptes du « c’est pas nous, c’est eux », nous sommes tous convaincus et tous dépités au regard de l’internationalisation de notre affaire. Si nous pouvons légitimement espèrer voir un jour (pas moi) tous les pays d’Europe se mettre au diapason et « coopérer », nous buterons toujours sur les limites de la Russie. Mais comme je l’ai toujours dit et toujours pratiqué, à mon petit niveau professionnel, ce n’est pas en tenant compte des arguments passifs et réactionnaires qu’on avance vers le meilleur. Plus imagé, ce n’est pas parce qu’il y a des gens qui « brûlent » les stop, qu’ils ne sont pas indispensables...


Un autre:


Oui. En ce qui concerne la réactivité, le courage et la diplomatie des fédés, on ne peut malheureusement pas tirer de généralités. C’est au cas par cas. Mais comme je le dis plus haut, notre fédé c’est nous et si l’on ne se sent pas de s’y introduire (sans jeu de mot grivois) ou tout du moins de s’y faire entendre, a-t-on le droit de la dénigrer? Il faut aussi que nous comprenions qu’elles sont « coincées » entre le marteau et l’enclume que sont la nécessité de gérer la quantité de leurs adhérents et celle de gérer la faune cynégétique qui revient par la bande à la « qualité » de ces mêmes adhérents. On peut être malveillants en pensant que les décideurs tiennent à leur place. C’est peut-être vrai pour certains et faux pour d’autres. On peut aussi être bienveillant en pensant que plus il y aura de chasseurs, plus la chasse sera protégée et plus son économie et sa politique seront viables... On est en plein dans ce qui est un terme en vogue: le développement durable. Mais là je parle de celui de notre « distraction ».
Pour mieux connaître le domaine de la pêche à ce sujet, je dirais qu’il y a deux courants de pensée (et d’action): l’élitisme, qui par ses exigences et ses vérités mène au suicide de l’activité et le clientélisme, qui par sa soumission et son frein à main permet de stabiliser (au mieux) nos effectifs humains. Le cas de conscience est tel que cela devrait nous empêcher de nous étriper sans réflexion. Ma position personnelle serait, par nécessité, de privilégier le nombre de chasseurs (et pêcheurs) le temps nécessaire de récolter les fruits de l’éducation des jeunes et de la formation des moins jeunes... Mais là où je cède au pessimisme, et là je sais vraiment de quoi je parle, c’est au sujet du désintérêt de notre jeunesse vis à vis de la pêche et de la chasse. Les chiffres semblent remonter (ou moins baisser) et me consoler...

Mais je choisis de ne pas me mettre en boucle avec des collègues qui préfère la voie du clivage et de la discorde. Aussi je clos ma participation et l’exposition de mon avis sur ce sujet « serpent de mer ». À bientôt donc pour d’autres échanges concernant nos setters.
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Re: La guerre des boutons

09 janv. 2018 16:42

Je vais lire tout ça ..le temps que j’aère les textes pour les retour ligne etc.. sinon mémé elle n'y voit rien !! :sl: ;hh;;

Par contre entre nous, ce sont le mêmes à) qui tu réponds (ou qui te répondent ) sur bécasse passion , certains fréquentent les deux forums ...
sauf que parfois il faut l'autorisation de l'auteur pour le citer ailleurs ..c'est "ça" a l'épiderme fragile parfois... :mrgreen:
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Re: La guerre des boutons

09 janv. 2018 17:51

Blue, j’essaie d’être respectueux des bonnes manières. Aussi, je ne cite personne ici après avoir exporté ses propos d’un autre site. Je n’ai fait que copier coller mon avis sur ce sujet qui hante beaucoup de forums. Amicalement.
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