Le Forum des passionnés de Setter Anglais

 
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Névé38
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Névé, work in progress

27 nov. 2018 14:36

Depuis sa première bécasse, j’ai pensé à le prendre en photo, comme ça, assis ou couché, fier comme un bar tabac, avec la belle à ses pieds, parmi d’autres clichés in situ. Une photo souvenir, quoi. Ça fait partie du rituel, avant ou après le baguage et l’enregistrement réglementaires. Il suffit de lui dire « assis » et d’attendre qu’il regarde l’objectif. Mais comme il ne regarde jamais l’objectif, il faut trouver le truc, oral ou visuel, qui permet de réussir cet exploit sans y consacrer le reste de la sortie. Mais un bon conseil: surtout éviter de dire « le petit oiseau va sortir »...
Pour revenir plus sérieusement à mon chien, et à son calme apparent, je dirais tout de go que jamais je n’aurais pensé, pendant l’été, qu’il puisse aller aussi vite et aussi loin dans ses progrès et ses apprentissages. Je n’ai pratiquement plus rien à lui reprocher, ou à corriger, et juste à m’émerveiller devant ce rêve éveillé. Et tout le mérite revient au chien car je dois avouer ne pas y être pour grand chose. J’ai surtout suivi les conseils d’un très grand dresseur dont je partageais déjà les manières et qui tiennent en peu de mots, pour la première année (de chasse): intervenir le moins possible, observer le plus possible, comprendre « la carte » psychologique du chien, ne pas brider (pour cause de quête ou de contact), ne pas vouloir modéliser, établir une relation de confiance... Donc, en ce qui nous concerne, Névé et moi, je dois avouer que tout cela a très bien correspondu à ma fainéantise innée et que je peux m’estimer heureux d’avoir à suivre un tel cadeau. Je l’ai eu pour Noël, ça doit être pour cela. L’avenir me dira si je me trompe mais j’ai le pressentiment d’être tombé sur un « grand chien ». Quand je l’ai choisi dans la portée, son éleveur m’a dit et montré que c’était le plus dégourdi, le plus hardi, et le premier à découvrir la réserve de croquettes. Depuis, je m’étonne chaque jour de sa capacité à résoudre (vite) ses problèmes, à demander de la confiance en son indépendance et surtout de son acharnement à trouver. D’une lignée de grande quête et de chiens « de montagne » (s’il en est), il mélange le sprint, le marathon et l’escalade dans un triathlon qui dépasse l’entendement. C’est pour lui chaque fois un drame quand je « décide » qu’il est fatigué et qu’il est temps de retourner dans la voiture: c’est la fin du monde dans son regard (comme chez tous les setters, bien sûr). Quant à ses arrêts sur bécasses, il les a très rapidement affermis dans une addition d’autorité et de prudence qui fait que j’ai (presque) toujours le temps de le rejoindre et de bien me placer. Bien évidemment, et fort heureusement, certaines roublardes (souvent à la relève) se chargent de lui donner quelques leçons et de lui montrer le chemin qu’il lui reste à parcourir, mais compte tenu de la plus grande légèreté des bécasses en milieu montagneux (?), il s’en sort déjà très bien. Il m’arrête aussi quelques coqs (de gruyère, hein) quand je prospecte un peu trop haut. Je n’interviens presque jamais et je le sens garder le contact et le lien avec moi, dès qu’il en a le temps. J’ai beau chercher, il ne lui reste encore que deux défauts de jeunesse sur lesquels je garde un œil bienveillant mais vigilant. Il aime encore les petits oiseaux. Et il ne peut s’affranchir (ou alors c’est moi) de son collier électrique dont je ne me sers quasiment pas (et jamais de « électrochocs ») comme si cette laisse fictive était indispensable. C’est le Garmin pour chien courant de son frère le Teckel Michka avec qui il le partage. Je sais, c’est pas très réglo mais très économique, et j’espère pouvoir m’en passer bientôt.
Notre seul ennemi étant la neige, ici haut, nous sommes tous au repos forcé (ou aux intempéries) et c’est pour ça que je vous écris si longuement pour vous dire à quel point mon Névé m’apporte du bonheur. C’est Noël tous les jours. J’ai failli l’appeler ainsi...

PS: sur cette image, bécasse n°2, il arborait un Garmin upland beeper, mais il ne l’a plus car le beep ne convient ni à lui ni à moi (je ne juge pas)
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thierry
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Re: Névé, work in progress

10 déc. 2018 10:20

super content pour toi :wink:
 
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Névé38
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Névé. Work in progress: fin de série

02 janv. 2019 22:49

Ayant déserté les hauteurs de ma commune et mes escarpements de prédilection pour cause de neige, froid et donc désertification des remises élevées (au dessus de 1200), j’ai dû battre en retraite au fond du lit du torrent qui borde ma commune et qui (dixit les copains d’ici) représente depuis toujours la meilleure zone de pose à partir de décembre.
Le hic de cette zone humide, c’est qu’elle est humide, et donc un poil marécageuse
. Et le deuxième hic, c’est que les bécasses semblent savoir pertinemment que ce torrent (rendu célèbre par Giono) marque la frontière entre deux communes et que son franchissement sonne la fin de leur harcèlement. Depuis lundi (le 31),
Névé et moi levons deux voire trois oiseaux de nombreuses fois sans pouvoir les arrêter jusqu’à ce qu’ils fassent valoir leur droit à l’immunité.
Ni mon chien ni moi ne sommes vraiment en cause car il arrête fermement et longuement et j’accepterais volontiers de tirer sur une ombre, mais au moins une ombre apparente de bécasse. Hélas, ces sorcières semblent avoir déjoué tous les complots anti scolopax depuis la Finnorussie et/ou être les filles (bien) cachées de la bécasse invisible.
Donc, pour faire court, comme dans mon petit carnet, un pauvre tir en deux jours mais vraiment du bout des phalanges malgré une dizaine de levées.
Mais comme en tout, il faut trouver le bon côté (à défaut de celui où ça tire), je me dis que c’est toujours mieux que ne rien voir du tout et qu’avec Névé, on s’amuse bien quand même. La seule frustration qu’il m’est difficile d’évacuer, c’est encore celle de voir mon beau jeune chien s’acharner à trouver pour faire voler encore et encore, sans être assuré qu’il ait acquis profondément la différence entre bécasses et petits zoizieaux si le signal du « pan » suivi du « je l’attrape » ne l’aide pas le plus souvent possible.
Et ce matin, le manège recommence. Névé s’arrête devant un immense buis. Impossible de voir partout autour.
Je choisis bien entendu la zone d’envol la plus large parmi toutes les possibles, sachant que la bécasse choisira sûrement l’angle d’invisibilité.
Bingo, je l’entends s’envoler me laissant juste la pressentir mais pas la voir.
Et après avoir fait coucou au chien, elle prend la direction de là d’où nous venons.
Je décide de la laisser se (re)poser tranquille et de tenter de la retrouver en revenant.
Plus loin, même motif, même punition avec sa sœur jumelle mais cette fois, plus de relève possible pour cause de franchissement de frontière.
Revenu sur mes pas, je me rends compte de l’arrêt de Névé.
Après une soixantaine de mètres, je finis par le retrouver dans une position abracadabrantesque, en bas de la pente, la tête en bas et à l’équerre, regardant un sol feuillu propre et clair, juste avant une vasière gorgée d’eau. Là, je me dis qu’elle ne peut qu’être planquée de l’autre côté de ce « marigot » herbeux et qu’elle s’en sortira indemne et en loucedé.
J’entreprends donc tout de même la traversée périlleuse mais après deux pas c’est le flop flop et l’enlisement redouté, jusqu’aux genoux. Impossible de bouger davantage.
C’est évidemment l’instant que ma sorcière bien aimée, dont j’ai trop vite oublié les talents de mimétisme, choisit pour s’élever.
Mais pas là où je la crois être, juste dans mon dos et devant le nez de Névé où je ne l’ai pas décelée.
Heureusement que l’espace de sa fuite est complètement dégagé et que je suis encore capable de la contorsion insoupçonnable qui me permet de pivoter à 180 degrés malgré mes pieds dans le béton frais et d’assurer malgré tout mon premier coup.
Hourra, elle tombe! Névé la rejoint pour lui faire sa fête. Mais moi, comment dois-je faire pour les rejoindre. Le bain de boue terminé, je me rends jusqu’au torrent pour une première toilette aussi succincte qu’indispensable.
Ensuite, tous les rituels règlementaires et photographiques sont accomplis à la sauvette et le retour à la voiture effectué à grande hâte pour échapper à la pneumopathie aggravée. Mais j’ai fini par l’avoir, hein, je l’ai eue!
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Dernière édition par Blue le 02 janv. 2019 23:07, édité 1 fois.
Raison : retours à la ligne pour lecture du texte ...
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cassaire
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Re: Névé. Work in progress: fin de série

03 janv. 2019 18:37

Bravo, super, Névé et le patron ont bien mérité. Et quel compte rendu, l'âme de Giono traine encore sur ces rives :wink:
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Re: Névé. Work in progress: fin de série

03 janv. 2019 18:54

Bravo pour la bécasse mais surtout merci pour ton écrit ,du bonheur de te lire , quel talent de narateur !
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Névé38
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Re: Névé. Work in progress: fin de série

04 janv. 2019 08:27

Merci les amis.
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