Donc, hier soir, j'ai fait un tour sur la "plage à Laïka", ainsi nommée parce que, il y a plus d'une vingtaine d'années, j'y ai passé un bout de matinée bien triste, avec une pelle et une pioche... Laïka, notre première compagne à quatre pattes...
Mais bon, trève de mélancolie, je suis venu à la pêche !
Ca commence bien, le sentier qui descend vers le gave est obstrué par un arbre tombé lors de la dernière tempête et les ronces amoureuses l'ont totalement intégré au taillis. Progression possible sans doute avec les guêtres et les chaussures mais fortement déconseillée avec les waders ! Je traverse un massif d'orties aussi hautes que moi et arrive à un petit tobogan acrobatique qui me permet d'atteindre souplement


L'eau est belle et ce genre de coup me fait toujours rêver, même si les truites y sont moins souvent qu'autrefois. La canne est vite montée, le "cul de canard" est toujours au bout, allez, c'est parti ! Je peigne consciencieusement la bordure et la limite du courant... Toc ! Montée, ferrée... 20cm... bien jeunette !
Je remonte le courant, assez fort par endroits, surtout sur ces gros galets qui glissent...


Voilà mon coin fétiche. A ma gauche, des amortis du courant principal, le long du rocher, sous les branches... Hop ! Le cdc (cul de canard) disparaît dans une éclaboussure ! Ferrage... bagarre... elle doit être belle... Bon sang de courant ! Ma truite descend et sur 12/100 je ne peux pas trop la brider. Et je suis sur un haut-fond de galets, au milieu du gave, pas possible de se rapprocher de la rive pour trouver une eau moins violente. Je dois descendre avec ce sacré poisson qui n'a rien compris et qui fait la vrille là-bas, à 15m, juste en amont du radier... Et m...! Cassé ? Non, décroché !:evil:
Je remonte ce que je viens de descendre et reprends l'exploration de la bordure. Un gobage devant... La mouche passe une fois, deux fois et ... pendue ! 25cm, allez, au panier, depuis le temps que je pêche sur le no-kill, on a envie de manger une truite de temps en temps.

Il m'a semblé voir un gobage le long du rocher un peu plus haut... La mouche passe plusieurs fois mais trop vite, la soie est accélérée par le courant. Et puis, alors que je n'y croyais plus, elle monte ! Et re-bagarre ! Mon poisson descend et plus je tire pour essayer de le ramener vers un calme, plus il me prend de fil... 10m...15m. Je descends encore en trébuchant sur les gros galets... Là, si je pouvais la tenir derrière cette grosse pierre... Zzzzzz ! Encore deux ou trois mètres de perdus ! La tête apparaît en surface quand je tire un peu et la ligne part en biais ! J'ai compris ! La truite a refusé la mouche mal présentée mais au ferrage, je l'ai harponnée ! Effectivement, elle est prise sous la pectorale ! Elle fait à peine 30cm mais j'aurais juré au début que j'avais affaire à une très belle !

La nuit approche et les gobages, déjà peu nombreux, s'arrêtent. J'arrive à la fin de la plage profonde d'amont. Il y a encore deux poissons qui semblent en activité... Le premier refuse tout. Le second monte une première fois mais ne se pique pas... Un énième passage et il prend... Je l'amène à l'épuisette, et lorsque je veux décrocher la mouche, je constate que la pointe de l'hameçon, sortie de la gueule du poisson, a attrapé le filet. Décrocher le filet, repasser l'hameçon à travers la mâchoire du poisson, alors que la buée envahit les lunettes et que la nuit tombe, c'est un exploit ! La mouche en sort en mauvais état... moi aussi d'ailleurs !
Reste à refaire le trajet sur le haut-fond de galets et retrouver le passage dans les orties.

