Voici une bonne synthèse, citée in extenso, et gare aux piqûres

:
Recommandations du Muséum National d'Histoire Naturelle pour la lutte contre le frelon asiatique.
Une lutte irraisonnée contre une espèce invasive peut conduire à favoriser son installation. Cela a trop
souvent été le cas.
Les espèces invasives ont en général une très forte capacité d'adaptation et de dispersion. C'est le cas du
frelon asiatique à pattes jaunes, Vespa Velutina.
Les méthodes de lutte, qui ont un impact sur le reste de l'environnement, risquent de desservir nos espèces
locales en faveur du frelon asiatique.
Dans l'attente de nouvelles découvertes et de meilleures méthodes de lutte, il vaut mieux suivre les
recommandations suivantes:
Eviter le piégeage des femelles fondatrices de frelon asiatique
En effet c'est la période de l'année où la lutte contre Vespa Velutina est la plus vaine. Cette espèce produit de
très nombreuses femelles fondatrices (jusqu'à plus de 300 pour un très gros nid), et le printemps est la
période où la mortalité des fondatrices (de frelons comme de guêpes) est la plus élevée, en grande partie du
fait de la compétition intervenant entre individus de la même espèce. Détruire certaines fondatrices à cette
période ne fait que laisser la place à d'autres.
De plus, il n'y a actuellement aucun piège réellement sélectif vis-à-vis du frelon asiatique. Même un piège dit
"sélectif" a un impact sur les insectes non ciblés, car si une sélection physique partielle a lieu pour certains
insectes (trop gros pour pénétrer dans le piège ou assez petits pour s'échapper par les petits trous latéraux),
le séjour, même court, dans un piège peut avoir un impact (excès de chaleur, humidité, etc...) sur la survie ou
la fécondité des insectes capturés.
Pour qu'un piège soit réellement efficace, il faut que son appât soit attractif pour le frelon asiatique, répulsif
pour les autres insectes et durable dans le temps.
Des recherches dans ce sens par l'I.N.R.A. de Bordeaux et par au moins une entreprise privée (Veto-Pharma)
sont en cours.
En cas d'attaque de frelon asiatique sur un rucher - et dans ce cas seulement -
Il faut poser des pièges à sélection physique (pour diminuer l'impact sur les autres espèces), avec comme
appât du jus de vieille cire fermentée (appât qui a donné de bons résultats dans ces conditions), mais il ne
faut poser les pièges qu'au niveau du seul rucher.
Ceci permet de diminuer la pression de prédation et d'affaiblir les colonies de frelons. En général ces pièges
doivent être posés à partir de juillet et jusqu'à la fin de la saison.
La destruction des colonies reste la méthode la plus efficace pour diminuer
les populations de frelons asiatiques
Celle-ci doit se faire le plus tôt possible et jusque fin novembre. Le frelon asiatique étant diurne, les nids
devront être détruits à la tombée de la nuit ou au lever du jour. Ainsi la quasi-totalité de la colonie pourra être
éliminée.
La destruction des nids au cours de la journée fait augmenter considérablement les risques d'accident. Tous
les individus volant hors du nid ne seront pas tués et pourront rapidement reconstruire un nid à proximité;
ils resteront en outre très énervés plusieurs jours durant. Si la reine est encore vivante, la colonie pourra
encore produire des mâles et des femelles sexués, mais si la reine est morte, la colonie ne produira plus que
des sexués mâles. Dans les deux cas, l'activité de prédation sera poursuivie.
A ce jour, les meilleures techniques de destruction utilisent la perche télescopique pour l'injection
d'insecticide. Il faudra ensuite descendre le nid et le brûler pour que oiseaux ne consomment pas les insectes
morts et l'insecticide en même temps.
Si le nid est accessible, il est possible de le détruire sans utiliser d'insecticide, en bouchant le trou d'entrée
avec du coton, puis en mettant le nid dans un sac avant de le détacher puis de tuer la colonie par
congélation.
Il faut toujours être équipé d'une combinaison de protection contre les frelons.
La destruction mécanique d'un nid hors d'atteinte (lance à eau, fusil...) est à proscrire car il est impossible
ainsi de détruire toute la colonie: non seulement les individus qui survivent reconstruisent aussitôt d'autres
nids mais une telle opération rend les frelons agressifs et entraîne des risques pour le voisinage.
Il est préférable de se limiter à ces méthodes de lutte tant que de nouvelles techniques plus efficaces n'auront
pas été mises au point. Cela ne veut pas dire "rester inactif" mais "faire au mieux en l'état actuel des
connaissances".
Quentin Rome - Claire Villemant
Muséum National d'Histoire Naturelle
Extrait en partie du site internet du Rucher du Périgord