La bécasse de Noël.
Depuis quelques années j'attends la bécasse de Noël avec impatience.
Comme tous les ans, je pars avec les chiennes au petit matin (vers dix heures), les neurones encore embrumées des agapes du réveillon. Le temps est idéal pour une belle sortie dans la nature.
Après une dizaine ou une quinzaine de levées, autant de cartouches, toujours rien au tableau (ça, c'est la chaman du Gard). Pourtant les chiennes se démènent...
Mais je n'ai pas encore eu <<la belle action de chasse>>, celle que j'attends depuis un an, <<la bécasse de Noël>>. Il est vrai que je suis de plus en plus exigeant... Il faut que ce soit mieux d'année en année...
Je finissais par me faire une raison, quand la petite Dana marque un bel arrêt. Je monte vers le chien, mais la cloche a repris...
Ca piète devant, ça coule derrière, je me dis que la petite va se faire avoir comme bien souvent.
Puis la cloche se tait pour de bon. Je me bats dans les branches pour m'approcher, je sors en bordure du champ. Nenette (Dana) a enfin bloqué sa bécasse, mais devant un houx. Donc impossible pour moi de voir la bécasse à l'envol. Elle va forcément plonger vers la bas sans que la voi.
Ca, c'est sans compter sans le deuxième effet <<kiss cool>>, la <<deuxième lame Gillette>>. Tangor arrive près de moi et me regarde. Sept ans de vie commune, ça crée des liens. Un geste vers le bas, elle sait ce que je veux. Elle part à droite chercher un passage qu'elle ne trouve pas dans les ronces, revient puis part vers ma gauche, plonge vers la vallée pour contourner sa fille, toujours impeccablement à l'arrêt devant moi.
J'entends sa cloche remonter vers la bécasse. Et un battement d'ailes. Et à cet instant, je sais, c'est la bécasse de Noël. Celle dont je rêve tous les ans. Elle sort du bois vers le haut, poussée par Tangor, pile poil bien placée au bout du fusil. Les deux chiennes sont ensemble au rapport.
Instant magique qui donne cette saveur particulière à la bécasse de Noël.
J'adore mes chiennes.