" Tu devrais aller chez le coiffeur, pour les fêtes."...
Euh, moi je suis bien comme ça, la tonsure protégée des ronces par trois cheveux dont la longueur compense la rareté. Et puis la restauration des chefs-d'oeuvre en péril, je n'y crois pas ! Mais bon, pour faire plaisir...et puis ce matin le vent violent et les 18° relevés à 9h sur la terrasse n'incitent pas vraiment à une sortie sous bois.
Donc ce matin, je m'habille "en propre", laissant le pantalon qui sent la fougère et les feuilles mortes sur le dossier, à la grande déception de mon auxiliaire qui chaque matin assiste à l'habillage, histoire de prendre la température de la journée.
Néanmoins il accepte de monter dans le coffre, sait-on jamais?
Coup de chance, le salon est plein, on a donc un sursis et le temps de faire un tour sur notre petite route habituelle....
Nous y voilà. Le loulou a l'habitude et sitôt sorti du coffre, il traverse le ruisseau et "explose" dans le pré attenant. On va ainsi jusqu'au pont, fin habituelle de la balade.
Mais ce matin, comme on a le temps, on passe le pont et, de l'autre côté, voilà mon loulou à l'arrêt, le nez vers les broussailles bordant le ruisseau ! Mais pas un arrêt "type bécasse", ni même "type merlot", plutôt du genre "cékoaça?"... J'approche, fouille du regard la végétation et découvre, les pieds dans l'eau, un héron cendré qui nous surveille avec attention. Curieux ça, d'habitude, ils n'attendent pas pour la photo ! Manque de pot, l'APN est à la maison (je l'emmène rarement chez mon coiffeur). Bon, on va faire avec le téléphone... loulou est toujours à l'arrêt, les oreilles un peu cassées mais bien debout.
Le héron amorce un mouvement vers l'autre rive, Am'ka aussi, toujours à distance respectueuse, puis comme l'oiseau finit par tenter un décollage - il a dû rencontrer un plomb "perdu" la veille - il saute dans le ruisseau pour attraper le fuyard. Aïe ! Le héron fait face, imposant, bec en avant ! Et là, mon bravache prend la dimension de son initiative ! Je n'ai pas besoin de le rappeler une troisième fois ! Il accepte de revenir et d'abandonner cette "cocotte" au bec cette fois un peu trop long !
Suite de la balade. La route monte vers une ferme en plusieurs virages bien appuyés, longeant des rigoles impénétrables envahies de rejets d'acacias et de ronces. Tout en haut, nouvel arrêt du loulou: cette fois ce sont des cochons en liberté qui cherchent les dernières châtaignes sous les arbres de la lisière. Sans doute un peu refroidi par l'expérience précédente et par les grognements de bienvenue (?) des locataires du coin, Am'ka n'insiste pas.
Demi-tour, afin de ne pas aller mettre le souk parmi les Colleys de la ferme. Am'ka marche à côté de moi, on ne sait pas ce qu'on va rencontrer maintenant, méfiance !
Mon téléphone m'appelle ! Je cherche le bon bouton (oui, je sais prendre des photos avec mais j'ai du mal à téléphoner) et je perds le loulou de vue... Au sortir du virage, plus de chien ! Bon, il a dû repartir voir le héron, il vaut mieux aller arbitrer avant un coup de bec malheureux... J'accélère mais en bas, pas d'Am'ka, alors que l'échassier est toujours là. Je siffle... re-siffle... Je remonte un peu (il y a 81m de dénivellé d'après IGN rando)... rien... je descends -habillé propre- un petit sentier plein de ronces et boueux à souhaits... siffle... rien... pas de tache blanche dans les rares secteurs clairs sous les arbres... j'arrive en haut : les cochons sont toujours là, mais pas de chien... je redescends en sifflant (en soufflant aussi, je vous ai dit qu'il faisait 18° ce matin?)... Je scrute la lisière afin de trouver une entrée que le chien aurait pu prendre pour entrer dans la rigole... et là, sur le versant d'en face, j'entends un bruit de branches et j'aperçois une silhouette sombre au-dessus des arbres suivie d'un flash blanc en-dessous.
Le drôle était à l'arrêt, ce dont je me doutais mais sans aucune idée de l'endroit (pas de sonnaillon en balade) . Il lui faudra encore cinq bonnes minutes, histoire d'accompagner la bécasse et de retrouver le passage pour me rejoindre.
On a travaillé le "marche au pied" jusqu'à la voiture et en rentrant j'ai mis le tee-shirt et les chaussures à sècher.