C'est là que j'ai brûlé mes premières cartouches, il y a une quarantaine d'années, en Normandie... Et comme à chaque débutant, il m'est arrivé quelques aventures pas ordinaires.
La première, je crois, c'est ce canard désailé, tombé à l'eau, qui avait plongé et ne refaisait surface que sous la berge. J'étais seul, sans chien et j'ai dû aller chercher le chien du copain pour récupérer l'oiseau sans me mettre au bouillon moi-même. D'autant que c'était peut-être bien mon premier colvert...
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Quand on a recueilli notre première chienne, la belle et propre Laïka, j'ai voulu l'emmener à la chasse avec les copains... Et ma foi, elle avait l'air de s'intéresser, elle était même entrée dans la grosse haie mais lorsque j'ai voulu la rejoindre, pensant qu'elle était à l'arrêt, j'ai constaté qu'elle était en train de se rouler avec délices dans une cochonnerie malodorante ! Puis, au premier coup de fusil, elle a disparu. Je l'ai retrouvée à la maison, fraîchement lavée. Là, j'ai compris que cette chienne de six ans ne chasserait probablement jamais.
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Un matin, saisi par le froid ou par un léger excès de la veille, j'ai dû faire un arrêt sanitaire dans cette grosse double haie. Le fusil ouvert posé à côté de moi, j'aperçois brusquement, à cinq mètres, immobile, un gros bossu assis qui me regarde ! Évidemment à mon premier mouvement, l'animal a disparu.
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L'hiver, par temps bien froid, les canards de l'étang du château venaient passer la nuit sur la rivière. Si l'on arrivait assez tôt, sans chien, il suffisait d'approcher avec précaution des nombreux méandres pour lever quelques oiseaux. Donc un de ces matins bien froids de janvier, avec un copain, on se retrouve en bas du pré... Et dans un virage de la rivière, deux oiseaux sur l'eau. "Tu prends la cane, je prends le canard ? OK !" On approche, envol, pan! pan ! Les deux oiseaux tombent à l'eau ! On les suit jusqu'au gué... Bon sang ! Ils sont énormes ! Oui, il y en a même un de bagué ! On apprendra qu'un kilomètre en aval, sur la mare d'une fermette rénovée, un "résident secondaire" avait voulu élever des canards... (mais à part la taille, c'était bien des colverts ou alors...des cousins proches.)
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Toujours au canard, mais cette fois, à la passée du soir. J'arrive à l'entrée du champ, le soir, et je suis accueilli par le bas-rouge du Père J. qui habite sur la route. L'air modérément aimable, la bête... (le chien, bien que son maître m'avait assuré qu'il n'était pas méchant)... La soirée se passe et c'est à la nuit bien tombée que je retraverse le pré, fusil vide et cassé comme il se doit... mais un grognement à la barrière du champ m'incite à remettre une cartouche ! Ce crétin de chien m'a accompagné jusqu'à la voiture, je n'en menais pas large !
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Ma première sarcelle, rattrapée au second coup après que le copain m'ait crié "derrière". J'ai balancé loin devant, certain d'exagérer, et elle est tombée ! Ce jour-là, j'ai compris qu'il me fallait sérieusement corriger ma technique... Reste, depuis si longtemps, que la mise en application n'est toujours pas automatique

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Ma deuxième bécasse, levée par Roxy dans la grosse haie, royalement ratée et arrêtée au bord de la rivière dans un gros buisson. Trois ou quatre fois on a fait le tour, la chienne broussant d'un côté et moi courant de l'autre, mais ça a fini par marcher. Ma Roxy...
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Et l'apothéose, ce renard qui traversait le pré de l'autre côté de la rivière, pré où pâturaient un troupeau de taurillons... Les copains décident de reprendre la voiture pour atteindre l'entrée de ce champ et rabattre éventuellement l'animal vers la rivière. Je reste en guetteur dans un coude. Les copains apparaissent là-bas à l'entrée du champ et s'écartent pour couvrir la largeur. Edgar se dirige vers un groupe de taurillons mais le comité d'accueil n'est pas vraiment amical. Ça baronne, ça saute, ça jette de la terre et le copain a du mal à faire front. L'un des taurillons charge plusieurs fois et s'arrête de plus en plus près... L'affaire ne se termine que lorsqu'Edgar descend au bouillon, et traverse la rivière pour ressortir, trempé jusqu'aux cuisses alors que cette peste de bestiole reste à meugler pendant cinq minutes en face de nous. (On n'a pas vu le renard, il a dû bien rigoler, lui !)
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Voilà, j'ai été bien bavard, mais il neige cet après-midi et malgré les avances d'Am'ka, je reste au chaud.