Ce matin à la radio un jeune interviewé expliquait que l'assurance de gagner honnêtement sa vie ne lui suffisait pas et qu'il voulait pouvoir s'installer en ville pour avoir "une qualité de vie".
Gagner sa vie, c'est le but de chacun et hélas certains y parviennent bien difficilement, malgré leurs efforts. Le faire en prenant conscience que notre travail est utile, que d'autres ont besoin de nous est un aspect qui fut peut-être gratifiant et je me demande ce qu'il en reste...
Mais je reviens à la "qualité de vie". Notre jeune expliquait donc : cinéma, théâtre, concerts, restaurant, magasins, activités pour les enfants...
Aïe ! C'est ça son idéal de vie ? Bon, on peut déjà comprendre que le salaire minimum qu'on lui propose lui semble insuffisant !
Mais parmi les avantages de la ville, il semble oublier les embouteillages, le bonheur de faire cinq fois le tour du quartier avant de trouver une place de parking, la bonne odeur qui stagne sur les rues fréquentées aux heures de pointe, les manifs, l'anonymat dans les magasins ou même dans le quartier... Et parfois la violence, de plus en plus fréquente... Je ne parle pas du prix des logements qui ne semble pas être son principal souci.
Comment expliquer autrement que la plupart des urbains ne pensent qu'au week-end pour aller à la campagne !
Tiens, j'allais oublier, les bruits nocturnes. A part les deux ou trois nuits des fêtes du village où retentissent des chants, en général harmonieux...jusqu'à une certaine heure, nous ne sommes guère réveillés que par les cris des grues lorsqu'elles passent ou posent quelques jours, et par celui des cloches des vaches ou brebis qui montent en estive.
Dans les petits bourgs, pas de cinéma, pas de théâtre, pas de concert prestigieux, mais des animations par des sociétés locales auxquelles chacun peut participer. Les restaurateurs, les commerçants, les artisans, connaissent leurs clients et font souvent de leur mieux pour les satisfaire. Les activités pour les enfants ? Là encore, des associations locales, animées par des bénévoles. Il y en a certes moins qu'en ville, et ça ne permet pas de changer tous les ans ou d'abandonner parce que l'arbitre a sanctionné une faute contestée ! Les jeunes s'y rencontrent au lieu de s'éparpiller et y prennent conscience de leur identité, de leurs racines. Tout le monde se connait ou presque. C'est bien rare de faire les courses sans rencontrer une connaissance : on se salue et on commente la météo ou on refait le monde pendant un quart d'heure (j'omets les histoires de chasse et de pêche, réservées aux initiés).
J'ai l'impression que cette "qualité de la vie" dont on nous rabat les oreilles, est un peu comme le vin en bouteille que certains trouvent bon en fonction de l'étiquette (et du prix), formatés qu'ils sont par la société de consommation, les pubs et les médias.