Chronique d'un jour exceptionnel (Adrien, le 30 Déc 2007)
Y'a des jours comme ça où une banale journée de chasse peut se transformer en un véritable festival de plaisir.
Ce dimanche, je fus invité dans une magnifique chasse de l'Indre, perdue près de la Trimouille.
Après un petit déjeuner copieux à base de rillettes, d'omelettes et autres fromages appétissants, nous sommes partis battre la campagne.
Les chiens (Cali, un autre setter anglais et un épagneul breton) s'entendent bien et après quelques remises en place de la part des dominants, tout le petit monde s'ébat follement dans les vastes étendues sauvages... C'est beau la campagne au petit jour!
Une heure de marche plus tard, pas le moindre animal en vue et soudain... je vois un coq branché sur une (branche) à 1m du sol et à 10m de moi... il s'envole. Je ne tire pas et me fais remonter les bretelles par mon père qui ne comprend pas pourquoi je laisse filer une pièce si facile (cette phrase est sûrement la réponse à sa question ).
Nous chassons vers ce coq qui manifestement n'a pas fait la fête hier soir et qui nous montre un vol digne des plus grands Mirage 2000
Nous le relevons presque un kilomètre plus loin...et bien entendu, sans arrêt "officiel": la sanction est la même...
Presque 11h30 du matin et toujours rien en vue....on commence à se poser des questions...mais nous ne perdons pas l'allure...
Soudain, Cali met le nez au sol et prend une émanation du tonnerre, remonte la piste et... frrrrrrr... une poule s'envole, sans arrêt du chien, mais erreur de ma part, je tire et loupe.
Je remets le nez du chien sur la place chaude pour rattraper mon erreur... et comme par magie, le chien s'arrête net... je suis content et je commence à repartir dans le sens inverse quand une seconde poule s'envole... je l'abats d'un coup de 7 à 25m...je sauve la matinée (naïf que j'étais ! )
Nous remontons un beau champ de blé noir moissonné et Cali reprend une émanation et fait voler un coq que nous ne pouvons tirer... Je vais tout seul le relever...
J'arrive près de l'endroit présumé et comme prévu, le chien prend le pied le long d'un buisson très épais... c'est chaud... et même très chaud... Je demande de ralentir le pas quand il se bloque quelques secondes avant de me lancer, dans un soleil radieux, l'oiseau magnifique que je n'ai pas vu depuis des années entières...
La bécasse vous dis-je. Elle me saute à la figure, lancée par mon chien qui lui non plus, n'en croit pas ses cellules olfactives.
Une émotion intense m'envahit et fait passer mon premier coup à plusieurs mètres derrière la belle. Le second fait mouche et me propulse au sommet d'une montagne d'émotion que j'ai du mal à contenir. Je viens de tuer ma première bécasse et, qui plus est, à l'arrêt, certes furtif, de mon jeune chien.
Je rentre au rendez vous tout seul et quand les amis voient pendre, de mes petits poings sanglants, ces ailes mordorées ( ça y est, je me prends pour Marcel Pagnol ), ils se jettent sur moi pour connaître les moindres détails de cette matinée.
Le repas est survolé et je ne vois, à chaque battement de paupière, que ce bec et cette queue en panache...c'est un rêve.
Prenez une respiration, je vous raconte aussi l'après-midi !
Puisqu'il y a de la bécasse dans le secteur, nous partons la chercher...
Après quelques perdreaux levés par mon chien qui décidément n'est vraiment pas assez prudent quand il prend une émanation, nous arrivons vers une remise qui semble propice... Les anciens, peut être un peu fatigués, décident de passer par le champ et m'envoient directement dans un roncier quasi impénétrable... J'entends Cali pleurer à 10m derrière moi... mais on est chasseur ou on ne l'est pas. Si la bécasse ne vient pas à toi Cali, alors, c'est à toi d'aller à la bécasse, lui soufflé-je à l'oreille.
Nous nous comprenons... et je le vois s'aplatir à 10 m devant moi. Pas de doute, il y a du pied... Il avance doucement fait le tour du buisson, revient, ne sait pas par quel bout le prendre, s'arrête, repart, me regarde, s'arrête à nouveau et bondit.
La mordorée était à 1m de moi et s'envole en contournant un arbre... Je lâche mon coup de fusil au coup d'épaule et je la vois qui tombe...
Les chasseurs à un kilomètre à la ronde m'ont entendu crier de plaisir...
Je chasse depuis 10 ans et je tue mes 2 premières bécasses le même jour... Fantastique !
Nous continuons et levons une 3eme que nous relevons plus de 3 fois... sans pouvoir l'atteindre... et c'est peut être pas si mal.
La journée se termine par un magistral arrêt de Cali sur un coq planqué au coeur d'un bois impénétrable, que je manque tout aussi magistralement...c'est pas grave !
Je vais finir (enfin me direz vous) par la citation de mon ours préféré : « Il en faut peu pour être heureux »