L’histoire de « grosse Chasse « de Jaraillet me rappelle une anecdote…
A cette époque, j’étais jeune étudiant, dont la passion de la chasse ne pouvait pas beaucoup s’exprimer.
Pur citadin, sans aucune relation avec des gens de la campagne, et dont le modeste salaire d’externe ne permettait pas d’envisager le débours d’une action de chasse, j’en était réduit à espérer une invitation de mon oncle qui avait une participation dans une chasse d’affaires en Sologne, à Nouans le Fuzelier…
Enfin vint le jour de cette invitation…
Le lieu de rendez vous était un petit château entouré de douves où se prélassaient quelques canards et coassaient un régiment de grenouilles…
Après être passé devant des volières où s’ébattaient plusieurs centaines de faisans, j’ai traversé un petit pont au dessus des douves et j’ai garé ma modeste Simca 1000 au milieu de luxueuses berlines, sur un terre plain sablonneux…
Je faisais un peu crasseux et déplacé au milieu de ces chasseurs en veste de tweed avec cravate, chapeau de feutre et bottines. Il y avait même une diane en jupe longue avec un petit chapeau coquin, vert avec une plume…
Mon arme faisait aussi piètre figure devant celles de ces grands personnages qui exhibaient de jolis juxtaposés à platine sortis d’étuis en cuir du plus bel effet.
Je suis donc pris en main par mon oncle qui me présente à d’immenses sommités, des banquiers, des avocats, même des hommes politiques , dont je me suis empressé d’oublier le nom….
La maître des cérémonies rassemble son groupe de chasseurs et commence à récite les litanies des consignes de chasse et de tir…
« On ne tire que les faisans.
Après le coup de corne on ne tire que derrière…etc…etc
Je voudrais vous demander de faire attention dans les premiers carrés que nous allons battre.
J’ai un couple de paons en liberté , donc identifiez avant de tirer »
« Oui, oui, on sait tout ça.
Pas la peine de nous le rappeler à chaque fois »
On embarque sur une remorque tirée par un tracteur et les tireurs sont déposés les uns après les autres le long de la lisière du bois, sur une allée gazonnée.
Coup de trompe.
On entend les rabatteurs commencer leur tintamare à coup de piboles et de crecelles et les premiers faisans passent, salués par de nombreux coups de fusil.
Je tiens ma partie tant bien que mal jusqu’à la fin de la battue.
C’est alors le ballet des rétrievers dirigé par les tireurs « J’ai tué un coq qui est tombé par là !! »
Il y avait un tireur qui restait modestement dans son coin, l’air penaud…
Quand le maître de chasse est arrivé, il s’est expliqué
« Vous comprenez….
J’avais le soleil dans les yeux …
On annonçait « faisan » !
Et dans l’excitation du tir….. »
En fait, il avait abattu le paon……
Après de nouvelles recommandations, accompagnées d’un coup d’œil courroucé au fautif, nous remontons dans la remorque pour être placés pour la battue suivante…
Même scénario que précédemment, sauf qu’à la fin de la battue , le coupable avait l’air encore plus penaud…
Il avait tiré la paonne…..
On ne l’a jamais revu.