Bonjour à tous.
Mon Névé vient de souffler sa première bougie, un stick dentaire, sur son premier gâteau, aux croquettes. Son premier été, il l’a vécu comme un feu d’artifice, de senteurs florales et animales en tout genre. Un rien l’arrêtait et tout méritait son intérêt et le salut de sa patte avant, surtout les papillons.
L’automne venu et l’ouverture générale sonnée, il a cessé la chasse aux papillons, bien aidé en cela par les premiers froids, et a orienté son dévolu sur de bien plus gros objets volants non identifiés. Du plus petit des troglodytes à la plus grasse des queues rousses, tout était motif à renverser les buissons et à jouer à la fusée Ariane.
Et quand un pauvre merle s’attardait sur les prunelles, alors là, c’était le nirvâna! Aussi émouvant pour lui que ne pourrait l’être un grand tétras pour moi.
Heureusement, grâce à la générosité de notre ACCA, mon Névé a pu goûter et s’initier à la chasse au grand gibier. Je veux parler des compagnies de perdrix grises qui courent sur les chemins et des faisans solitaires qui gagnent aux lisières.
Quelques beaux semblants d’arrêts plus tard et autres pas sages à l’envol, la phase de débourrage a été considérée bien engagée mais pas suffisamment pour se rassurer sur de solides acquis. Et quand la bise fut venue, la saison de mon gibier préféré à moi fut advenue. Nous avons passé plus de quinze jours (en séquences de deux heures) à rechercher désespérément la moindre émanation bécassière à 1500m d’altitude, mais en vain, si bien que le courage d’y retourner une fois de plus commençait à décroître. Pourtant, chaque séquence avait de quoi m’encourager, sur le plan du comportement de mon acolyte.
Mises à part quelques sorties de main, sa prospection dépasse mes exigences et même si l’on est très loin de l’expertise, il y a vraiment lieu d’être confiant et surtout patient. Alors ce matin on y retourne, gonflés à bloc. Avec ce rêve de gosse avant Noël: Si seulement il pouvait en rencontrer une... une seule... même sur un malentendu, même par coïncidence, et qu’il l’arrête bien comifo, et que j’arrive à sa hauteur au plus vite, et que j’attende bien placé le temps qu’il faut, et qu’elle s’envole à découvert, et que je la cueille du premier coup, et qu’il la pille en la rattrapant (tant pis pour la sagesse à ce stade) et que et que tout à ma joie je le félicite longuement en le récompensant plus que de raison.
Et bien, croyez moi, ou pas, mais tout cela s’est réalisé. Absolument tout, à un détail près. Ce matin même, après seulement un quart d’heure de quête, Névé s’apprêtait à sortir de ma vue, ce qui pour une grand chien aguerri est recherché mais pour un quasi chiot peu recommandé, alors je crie son nom. Ce qui a l’effet de l’arrêter net sur la piste qu’il arpentait au dessus de moi. Mais plutôt que revenir vers moi sous ma coupe, comme convenu entre nous, je m’aperçois qu’il reste là-haut, figé
. Quelques secondes d’incrédulité se passent, puis laissent la place à l’habituel « pffff, encore un merle, voire un rouge gorge! ».
Mais comme chaque fois qu’il arrête comme ça, depuis l’ouverture, je me refuse le droit de ne pas le croire et me dit que cette fois, c’est peut-être la bonne, et que cette bonne fois finira bien par arriver, et qu’il ne faudra pas se louper. Tout à coup, tout va très vite. Je réalise qu’autour de lui et sous ses yeux, il n’y a que peu de chance qu’un oiseau soit présent. Tou est propre, sauf un minuscule amas de branches. P..... cette fois-ci ! Je couvre les trente mètres qui me sépare de lui, tout en restant bien dessous et en laissant le plus d’espace autour. J’y suis. Je souffle, je me calme, ça y est, elle est là, immanquable compte tenu du dégagement alentour. Le Baby est déjà presque en place et grâce au canon rayé elle va tomber. Elle décolle, pas très vite, prend le travers comme prévu. Encore trop près. Je la laisse prendre quinze mètres. Maintenant!
Clic!
C’est pas vrai. Qu’est-ce qu’il se passe? Le deuxième coup alors. Pan. Trop loin déjà. Trop plus là déjà. Le percuteur n’a pas percuté. Incroyable mais vrai. C’est la première fois. Dépité, je félicite quand même mon bon Névé, en espérant que cette expérience ne compte pas pour rien... Inutile de dire que si elle a été relevée de nouveau, je n’ai rien vu ni entendu.
Allez, hauts les cœurs! Il y en aura d’autres, hein?