...... Je marche dans une forêt claire. Le sol est couvert de petites fougères avec quelques pieds de houx mais de nombreux petits sentiers facilitent la progression. Pas de pentes boueuses, pas de ravines profondes. Le chien, que j'ai eu à un an, superbement dressé par un professionnel fameux, quête à 80-100m avec la régularité et l'amplitude d'un métronome... Ah ! Beep beep ! Arrêt ! J'avance un peu sur la droite...Envol ! Mon super fusil à guidage électronique monte à l'épaule, calcule automatiquement la correction. Pan ! Le super setter va chercher l'oiseau, rapporte, s'asseoit et donne... Allez, on repart... Voici un plateau couvert de fougères et d'ajoncs, pas trop hauts avec toujours ces petits sentiers... Beep beep.. Le chien est là-bas, regardant fixement à gauche...Fla fla fla ! Pan ! Apporte, assis, donne... Nous voici à l'autre extrémité du plateau. Une petite déclivité, un peu encombrée de ronces.. Zut ! Je m'accroche le bras dans l'une d'elles, me voilà coincé. Je tire ... patatras !
..... La lampe de chevet est par terre ! Je tiens encore le fil ! Pas de pot, je m'amusais bien. Vite, j'y retourne !
...... Voilà un secteur que je connais ! Le GPS intégré dans le collier du chien a mémorisé les remises rencontrées l'autre jour. J'y vais tout droit. Le chien aussi... Beep... Pan ! Apporte .. Donne. Et hop, dans la poche ! Remise suivante: le GPS indique la droite. Un geste du bras et le chien oriente sa quête... Beep... Apporte...Donne...Dans la poche... Et ça repart... Beep...Donne...Poche... Beep,poche,beep,poche. Ca devient monotone ! Et le chien, devant qui remet ça ! Je veux l'appeler mais j'ai oublié son nom, ce n'est pas vraiment MON chien. Et zut ! J'arrête ! Je passe la main dans la poche carnier pour recompter mes prises... Rien ! Je fouille plus profond mais je ne peux pas...
..... J'ai le bras entortillé dans le drap. Je démèle et me redresse... Le sommeil ne revient plus. Le rêve non plus et les souvenirs de ce que je croyais être le paradis du chasseur sont eux, bien pauvres, aussi volatils que ces bécasses que je ne trouvais plus dans la poche. Seuls, deux mots reviennent : beep, poche, beep, poche...



































Ce n'était qu'un rêve, heureusement. Demain je vous raconterai comment j'ai convaincu MON chien d'"aller voir en haut", le bel arrêt qu'il m'aura fait, et peut-être son premier rapport ?