
Un ami
...Je me souviens d'avoir eu pour ami, dans mon enfance, un chien,
Une levrette blanche, au museau de gazelle,
Au poil ondé de soie, au cou de tourterelle,
A l'oeil profond et doux comme un regard humain ;
Elle n'avait jamais mangé que dans ma main,
répondu qu'à ma voix, couru que sur ma trace,
Dormi que sur mes pieds, ni flairé que ma place.
Quand je sortais tout seul et qu'elle demeurait,
Tout le temps que j'étais dehors, elle pleurait;
Pour me voir de plus loin, aller ou reparaître,
Elle sautait d'un bond au bord de ma fenêtre,
Et, les deux pieds collés contre les froids carreaux,
Regardait tout le jour à travers les vitraux ;
Ou parcourant ma chambre, elle y cherchait encore
La trace, l'ombre au moins du maître qu'elle adore,
Le dernier vêtement dont je m'étais couvert,
Ma plume, mon manteau, mon livre encore ouvert,
Et, l'oreille dressée au vent pour mieux m'entendre,
Se couchant à côté, passait l'heure à m'attendre.
Alphonse de Lamartine
Et plus lèger pour les enfants...
Joyeux
Je suis toujours de bonne humeur
Je me réveille de bon poil
Et si je dors sous les étoiles
Je fais contre fortun' bon coeur
Museau humide et l'oeil qui brille
J'accours joyeux, ma queue frétille
Quand on m'appell'pour un' caresse
Ou qu'on désir' mettre ma laisse.