Pendant le trajet vers Albertville, le fiston qui est venu nous chercher à l'aéroport de Lyon me dit :
"Ce soir, Jean-Marc passe à la maison et nous emmène chez un ancien qui fait une bonne Mondeuse."
Bof, la Mondeuse, ce vin rouge savoyard, j'ai essayé déjà mais ça m'esquinte le gosier. Enfin, pour la balade, c'est d'accord.
A six heures, arrivée de JM, voisin du fiston, mais lui, vrai Savoyard (ou Savoisien ?) et en route vers les coteaux sur la rive gauche de l'Arly.
Petites rues de village, impasse qui mène à trois maisons accrochées au rocher et nous voilà chez "Gaston". Accueil sympa, même si je ne comprends pas tout ce que raconte JM qui pour l'occasion nous fait une démonstration de patois.
Table et chaises attendent dans une petite cour ombragée. Gaston nous fait asseoir et après quelques considérations sur le temps, et une rencontre précédente avec JM, nous propose de déguster son blanc... Juste une larme alors, car on est venus pour la Mondeuse.
Le blanc n'est pas assez frais, mais il aurait eu le temps de chauffer dans les verres car Gaston se met à nous parler de son métier, qu'il va abandonner l'an prochain. Il reste deux vignerons au village, qui soignent encore quelques arpents de vigne enracinés dans la pierraille sèche de la pente. Mais le métier est dur, le peu de terre descend en permanence et doit être remonté, l'étroitesse des terrains interdit toute mécanisation, l'hiver, la neige arrache des piquets, tout se fait à dos d'homme ou de cheval. Dans ces conditions, aucun jeune ne se propose pour prendre la suite...
Et l'évocation du temps passé va durer un moment, mi-français, mi-patois, mais nous, on ne voit pas passer le temps. On va quand même finir par déguster cette fameuse Mondeuse...
Et bien, croyez-moi, là, dans cette cour ombragée, en écoutant Gaston, j'ai compris et apprécié ce goût râpeux qui rappelle l'âpreté de la terre et du travail.