Je narre?... Je narre:
Je viens de passer trois semaines intenses de mise en scène avec 200 adolescents acnéiques et juvéniles, un vrai bonheur!
Pour me seconder dans cette tâche, un acolyte digne des plus grands bras droits que la terre ait jamais portés: Arsène d'Hartencourt, oeuf corse!
Il a passé ses journées dans le théâtre, au milieu de tous ces ados et il en est devenu la mascotte vénérée de tous, pensez bien!
Le vertige de la première représentation passé, j'étais hier midi avec l'éclairagiste, afin de rectifier quelques projecteurs; nous passions de la scène à la régie et Arsène nous suivait dans toutes nos allées et venues, fort conscient de son rôle de bras droit, qui consiste surtout à ronger un nonos en peau de machin, puis de s'endormir les 4 fers en l'air, alors que tout le monde bosse autour de lui, fallait-il le préciser...?

Mais ce jour-là, donc hier toujours, Arsène s'est surpassé: le sang des grands explorateurs anglais coulant dans ses veines a incontestablement pris le dessus.

Il faut savoir que, pour se rendre à la régie, le parcours est un peu spécial, car il faut passer par le toit; mais un toit plat, allez, parlons plutôt de terrasse sur les toits.
Nous étions en train de trafiquer la table de commandes et Arsène furetait sur cette "terrasse", lorsque soudain, nous avons entendu un bruit difficile à transcrire ici, mais se rapprochant de "je suis un setter, j'ai des griffes et je gratte un morceau de métal". Heureusement que nous sommes tout de suite sortis voir....
Le Sieur Arsène n'avait rien trouvé de mieux que de sauter par-dessus le muret bordant cette espèce de toit plat, - car c'est toujours tellement mieux d'aller voir comment c'est ailleurs, isn'it?... Et s'était retrouvé sur un petit avant-toit de tôle très pentu, évidemment, comme tout avant-toit digne de ce nom!


La scène:
vous voyez l'écureuil, dans le dessin animé "L'âge de glace"... Et bien c'était ça. Imaginez mon Arsène, les 4 pattes déployées tel l'écureuil volant, tentant de planter ses griffes dans la tôle, mais glissant irrémédiablement vers le vide, l'oeil globuleux et hagard.....
Et nous deux, à plat ventre par-dessus le muret, tentant désespérément d'attraper une patte du chien à chaque fois qu'il parvenait à remonter de quelques centimètres et que non! il reglissait déjà vers le vide!!!!! Affreux.
Et tout ça en gardant bien sûr un ton calme et encourageant, genre "qu'il ne sente surtout pas que c'est très dangereux et que notre panique est toute intérieure hahaha". Et cet imbécile d'éclairagiste qui devait mesurer 1,62 mètres, un nabot! Et moi, avec mon mètre 78, mal placée en diagonale, je n'étais pas plus efficace!!!
Heureusement, Arsène, jeune blanc-bec tonique et musclé est parvenu à remonter suffisamment et nous avons enfin pu lui agripper chacun une patte avant et hop! le hisser par-dessus bord.
OUF!!!!!!
Arsène, tout tremblant, est allé sagement se coucher sous la table de commandes, en régie, même s'il y faisait une chaleur bien plus étouffante que dehors...!
Bref, All is well that ends well, comme dit notre copain Shakespeare et célèbre compatriote de nos Anglais à 4 pattes...

Mais les marques de griffes sur la tôle restent impressionnantes Et que d'émotion parmi les ados arrivés le soir pour la représentation lorsqu'ils ont appris les mésaventures de notre explorateur en herbe!!! Ils ont redoublé d'attention et de caresses autour de ce jeune sot qui ne se souvenait déjà sans doute plus de rien...!
Mais jamais, oh grands dieux, jamais je ne l'avais imaginé capable de prendre pareile initiative, le toit était si bien protégé et bordé... le croyais-je... honte sur moi...!
