Extrait de « MON PREMIER CHIOT, le choisir, le comprendre et l’éduquer »
de Claude Cailloux, Monique Bourdin et Jean-Paul Koumchasky
aux Editions TF1
L’INSERTION HIERARCHIQUE
Au sein d’une meute de chiens :
L’apprentissage de la hiérarchie est nécessaire à la survie de la meute. Semblable à tous les mammifères sociaux, le chien organise sa vie en meute autour de certaines règles, les règles de la hiérarchie. Il devra les apprendre afin de pourvoir interagir sans conflit avec ses congénères.
Les règles hiérarchiques :
Elles se divisent en trois phases :
-la hiérarchisation alimentaire
-la hiérarchisation spatiale et territoriale
-la hiérarchisation sexuelle
La hiérarchisation alimentaire :
Elle se met en place à partir du sevrage. L’accès à la mamelle n’est pas géré par les chiots dominants, c’est le premier arrivé qui saisit la mamelle et la conserve.
Après la période de sevrage, la mère conduit les chiots vers les sources d’alimentation disponibles. Affamés, ils s’approchent de la nourriture mais se font accueillir par des grognements, voire des morsures par les chiens adultes. En effet, les dominants mangent toujours les premiers. Les chiots dominés apprennent à attendre et ainsi à respecter l’ordre de préséance alimentaire ; ils émettront alors des postures d’apaisement (tête sur le côté et le corps est baissé) pour s’approcher ultérieurement des aliments côtoyés.
Leur approche, lente et progressive, stoppera dès que les grognements émis seront trop forts. Cependant les dominants laisseront systématiquement de la nourriture aux dominés.
Cette hiérarchisation alimentaire s’achève entre 3 et 12 mois en fonction de la race. La vitesse d’ingestion a aussi une valeur significative car les sujets dominants mangent lentement, et d’autant plus que les autres chiens les observent. Ils cessent même de manger si les chiots dominés ne les regardent plus. En revanche, ces derniers mangeront ensuite très rapidement et dans l’indifférence la plus totale des dominants, à présent repus.
La hiérarchisation spatiale et territoriale :
Cette étape est contemporaine de la puberté chez le mâle et plus tardive chez les femelles (aux secondes chasses).
Les chiots sont expulsés des zones fréquentées par les dominants et se voient contraints de chercher un lieu de couchage situé en périphérie du territoire de la meute.
La hiérarchisation sexuelle :
Seuls les chiens dominants pourront saillir les chiennes en présence du reste de la meute. Les mâles dominés ou les adolescents n’opéreront qu’à l’abri des regards.
On observe donc une inhibition du comportement sexuel en présence des dominants.
Au sein d'une meute humaine :
Lorsque le chiot quitte sa mère, sa famille adoptive constituera pour lui sa nouvelle « meute » au sein de laquelle il devra trouver sa place. Il est alors indispensable de respecter la hiérarchie homme-chien.
L’insertion hiérarchique doit commencer le plus tôt possible – obligatoirement avant la puberté -, surtout pour les chiens de petite taille (dès 4 à 5 mois).
Le chiot considère la famille dans laquelle il vit comme une meute hiérarchisée et sa place sera déterminée en fonction de votre attitude, en tant que maître. Vous devez respecter les rituels et adopter une attitude parfaitement concordante : si Monsieur dit « blanc » et Madame « noir », le chien s’alliera à la personne dominée et découlera de cette situation un échec de l’insertion hiérarchique ainsi que des conflits ultérieurs si une des prérogatives de dominance du chien est remise en question.
Il vous faut comprendre que le statut de dominé n’est en aucun cas une situation péjorative pour le chien. La position hiérarchique représente pour lui une fonction et non un privilège. L’animal n’en sera que plus équilibré. Votre position doit être celle de chef de meute, de « leader ». Mais comment procéder ?
La hiérarchie canine dans une meute humaine s’établit, de la même façon que dans une meute de chiens, autour de trois points principaux.
La hiérarchie alimentaire :
Le repas du chiot doit s’effectuer après le votre. Si cela est difficile à réaliser pour des raisons d’emploi du temps, faites-le manger avant ; mais, attention, votre repas et celui du chiot doivent être distinctement dissociés. Les maîtres sont les dominants et mangent en premier. Néanmoins, si le chien prend son repas à l’extérieur ou dans un garage, il n’est pas nécessaire de respecter le protocole.
Lorsque le chiot quémande à table, repoussez-le. Il ne doit rien recevoir durant le repas de ses maîtres qui sont les dominants. Il ne doit non plus en aucun cas interrompre leur repas. En revanche, il peut y assister ; il est totalement inutile de l’enfermer dans une autre pièce, au contraire, le dominé est présent pendant le repas des dominants. Dans la nature, les dominés regardent manger les dominants.
Le chiot doit manger vite ; le cas contraire signifierait qu’il se situe comme dominant. Encore une fois, rappelons-le, comme dans la nature les adultes dominants mangent lentement et les dominés les observent. Ainsi après le repas, la nourriture ne doit pas rester à sa disposition. Il dispose de 15 minutes pour manger, ensuite retirez-lui sa gamelle. Enfin, les maîtres n’assisteront pas au repas du chien. Dans la nature les dominés mangent dans l’indifférence des dominants, à présents repus.
La hiérarchisation spatiale :
Un chiot dominant ne dort que très rarement dans la chambre. En revanche, il s’installe dans des points stratégiques et d’importance sociale comme le couloir, l’entrée d’une pièce ou sur une marche d’escalier. Il aime à se placer en hauteur, sur un canapé ou un fauteuil. Ainsi le chiot, par cette position, gère les entrées et les sorties.
Vous devrez donc lui attribuer un lieu de couchage qui ne représente pas un point stratégique d’où il pourra surveiller tous les lieux de passage. Il est aussi souhaitable d’éviter les zones d’activité comme la salle à manger.
Une fois le lieu de couchage trouvé, le chien doit être respecté dans son domaine : ne pas le taquiner, le manipuler, le caresser ou le gronder, c’est son refuge.
Le lieu de couchage du chiot constitue également un endroit de soumission. Ainsi lors des conflits entre maîtres et chiot, il est recommandé d’envoyer ce dernier dans son panier. S’il obéit, cela signifie qu’il accepte la soumission. Et dans ce cas le conflit doit cesser immédiatement.
Le contrôle de la sexualité :
Vous ne devez en aucun cas accepter les comportements sexuels (chevauchements) du chiot en votre présence, même sur des coussins. Pour les personnes pubères, les femmes doivent repousser les avances des mâles et les hommes les comportements de cour des femelles en chasse.
Il en est de même des chevauchements hiérarchiques (dans ce cas il n’y a pas éjaculation). Le chevauchement est alors une posture de dominance. C’est un rituel social ; au cours d’une bagarre entre chiens le vainqueur chevauche le vaincu.
Autres secteurs de la vie relationnelle :
Le jeu et les caresses seront systématiquement initiés par les maîtres. Si le chiot apporte sa balle ou vient chercher des caresses, vous devez l’ignorer ou bien le « punir » en l’envoyant se coucher dans sa niche.
Les maîtres décident aussi de la durée de l’interaction.
Voilà établies quelques règles d’insertion hiérarchique au sein de la meute humaine.
N’oubliez jamais que le non-respect de ces règles entraîne des grognements puis des morsures s’il arrive qu’une des prérogatives de dominant soit remise en question.
Les propriétaires ont souvent de trop grandes lacunes sur l’éducation des chiots à cause du manque d’informations.
Un chien doit prendre sa place dans la hiérarchie. Faites-lui comprendre que vous êtes le maître, en un mot son chef de meute.