Bonjour à tous, ça fait longtemps que je veux ouvrir ce thème sur un post tellemlent cela fait appel à des souvenirs émouvants.
Perso je vous dis juste que j'ai EU BESOIN d'écrire cette histoire au soir de ma première bécasse et qu'à part ma femme personne ne l'a jamais lue.
Voici un bout de mon jardin secret bécassier :
le 28/11/03.
Samedi matin, 08h30, temps que j'aime, petit vent du nord quasi imperceptible,
froid et sec propice à une bonne matinée de chasse.
Fly, ma jeune setter anglais piaffe d’impatience à l’idée de parcourir les bois à la recherche de l’oiseau rare, la bécasse.
Malgré ses quatre ans, elle n’en a vu que rarement car ma région n’est pas spécialement bien gâtée par ce migrateur exceptionnel.
Je ne suis aussi qu’un apprenti bécassier qui rêve plus qu’il ne cotoie cet oiseau magnifique. Désolant.
Toutefois je sais qu’il y a des passages et des remises tenues secrètes par des bécassiers aguerris.
Je m’élance donc comme tout les week-ends dans ma quête de ce furtif oiseau qui occupe mes pensées.
Une heure et demie plus tard, me voici sur la crête que j’affectionne le plus.
Celle où la vue imprenable est la plus représentative de mon pays, dos au collines de garrigues et face à la Cité romaine qui m’a vu naître. Au loin les étangs scintillent comme aux plus beaux jours de l’été.
Je rappelle mon chien et m’assois tranquillement sur un rocher tout disposé à m'accueillir. C'est dans ces moments là que j'aime le solitude de la chasse à la bécasse.
C'est là, que moi, pauvre cartésien, j'aime parler à ceux qui ont prématurément rejoint le ciel bleu narbonnais et que j'aimais du fond du cœur. Mon Papi, Claude… c'est en quelque sorte un salut à mes ancêtres chasseurs à qui je montre par mes yeux la beauté de mon pays dont je suis si fier. "Que c'est beau ! "me dis-je intérieurement.
Je regarde doucement le soleil poindre par dessus ces collines que je chéris tant. Il fait jour depuis longtemps et la nature environnante s'éveille lentement au rythme du solleil qui la caresse.
Ma chienne est là, près de moi, paisible mais quelque peu interloquée de cette pause impromptue au milieu de notre partie de chasse. Je laisse alors mon esprit divaguer et revenir un temps à mes dernières vacances dans les Landes.
C'est là pour la première fois que j'ai eu la furtive occasion de croiser la dame au long bec. "Pourquoi je n'en vois pas ici ? " questionnai-je tout haut comme m'adressant au ciel.
"PAN-PAN-PAN" entends je claquer à quelques kilomètres dans la plaine, "raté", me dis-je.
Oui, raté comme la bécasse que j'avais enfumé quelques semaines auparavant dans les Landes.
C'est curieux mais ces trois coups sonnent presque comme une réponse pour moi qui questionnait le ciel.
C'est vrai je l'avais lamentablement manqué, désirant de trop me l'approprier du regard. C'est alors qu'en ramenant mon regard sur la gauche, je vois au grand jour monter de nulle part ce fabuleux oiseau roux passer devant moi placidement, me laissant admirer son allure, sa robe, et tout l'ensemble de son être. Je suis pétrifié d'admiration et incapable de dire mot tellement ma mâchoire doit côtoyer à ce moment là mes orteils.
J'ai la gorge serrée et les yeux larmoyants d'un gosse voyant soudain l'objet de ces rêves, le fan voyant son idole et l'aveugle, la lumière. Mon fusil cassé sur les genoux, je ne suis plus chasseur mais admirateur sans voix et sans réaction sinon la stupeur.
Je suis là assis sur mes terres natales et je viens d'apercevoir l'oiseau tant désiré croiser devant moi avec la noblesse qui le caractérise. "Merci ". C'est le seul mot qui me vint aux lèvres, encore humides tandis que des larmes de joie qui ruisselaient dessus.
Merci de me montrer enfin ce rêve inaccessible. On peut l'appeler destin, on peut l'appeler coup de chance, hasard, moi, je sais au fond de moi comment l'appeler.
Je ne suis pas toujours pas croyant, catholique, protestant ou n'importe, j'ai foi en la nature et en l' être humain, mais je pense que l'être humain,
où qu'il soit, est quelqu'un de chic comme disait mon Papi, c'est quelqu'un de bien comme dit mon père. Ma bécasse vole encore, et c'est très bien comme ça.
Michel