J'ai gardé la meilleure pour la fin.
Il y a une trentaine d'années, nous passions chaque été sur le petit camping installé au bord du gave. Il suffisait de traverser le "saliga" pour atteindre un grand plat juste en amont d'une digue faite d'énormes blocs de marbre extraits d'une carrière proche, blocs de près de 2mètres cubes que le gave se permettait malgré tout de bousculer lors des grosses crues. Sur la rive gauche, côté camping, une plage de galets, en pente douce, qui permettait d'entrer dans l'eau assez loin pour éviter les saules du saliga lors des "faux lancers" de la mouche. En face, une longue "murette" au pied de laquelle les belles se doraient au soleil et mouchaient tout l'après-midi. Les belles truites, hein , pas les baigneuses qui, à l'époque, n'étaient cependant pas rares sur les rives du gave ou sur les blocs de marbre, solariums improvisés mais efficaces.
Ce jour-là, comme d'hab, avec Loulou et Bernard, nous voilà partis pour un coup de fouet "à la murette" à l'heure de la sieste. Rien de changé, toutes les belles étaient en poste. Je me place juste en amont de la digue, les deux collègues un peu plus haut et on attaque les gobages d'en face.
Les truites étaient nombreuses et plus actives en plein jour que maintenant, mais pas suicidaires pour autant et bien que continuant à gober les mouches naturelles, elles avaient l'oeil affûté et refusaient souvent le plat (mal?) présenté.
Justement cette sacrée truite au ras de la pierre, à une dizaine de mètres, semblait se moquer du monde, s'obstinant à moucher juste après le passage de mon artificielle. De guerre lasse, je décide de tenter celle qui se manifestait un mètre devant. Je sors une brassée de soie supplémentaire, arrache, change d'angle, renvoie vers l'av... Secousse derrière et ma soir détendue vient s'étaler en zig zag devant moi ! Pourtant, il n'y a pas d'arbres derrière... Je me tourne...Bou Diou ! Mes deux baigneuses qui se doraient sur les blocs avaient décidé de faire une petite marche sur les galets, je n'avais rien vu, mon changement d'angle les avait peut-être surprises ? Toujours est-il que la petite brune qui avait le maillot deux-pièces rouge, se tenait la fesse droite !!! Oui, ça vous fait rire, et bien moi, je riais jaune à ce moment (ma prise aussi d'ailleurs) !
Je m'approche (non, je n'avais pas déplié l'épuisette, arrêtez de rigoler) penaud... Ouf ! Apparemment, l'hameçon de 14 n'avait pris que le maillot... C'est là que les copains, qui finalement avaient eux aussi tourné la tête, m'ont prodigué de bons conseils comme "Ne tire pas sur le fil du maillot, ça se détricote tout seul " ou encore "Mets la main dedans pour éviter que l'hameçon pique !" De loin, on est plein d'idées !
C'est terrible, un ardillon dans le doigt, mais dans un tissu fin en nylon c'est bien aussi. (Non, je n'ai pas fait durer exprès, ah mais !) Donc, seule solution, couper l'anneau de l'hameçon, enlever les fibres de plume collées au vernis, les ligatures, et finir de passer... et là, on a commencé à rire, tous.
Mais je n'ai jamais revu mes baigneuses sur les blocs.
P.S. Il est absolument inutile de me contacter en MP pour me demander le modèle de la mouche (Bikini.fly) De toutes façons, le parcours est maintenant NoKill avec hameçons sans ardillon, ce qui évidemment n'offrirait plus autant d'intérêt.
