On a découvert le coin du Pays Basque où nous habitons maintenant à l'occasion de vacances de Pâques vers 1975... Le but premier du voyage était de faire connaissance avec les truites. Et j'y travaillais, arpentant les "saligas" tous les matins pour des résultats assez modestes au début. Un beau matin, j'ai trouvé, sous des buis, une demi-douzaine de belles morilles jaunes, les mêmes que les normandes que je ramassais sous les pommiers... Je les ai ramenées à l'hôtel où nous avions pris pension mais lorsque je les ai montrées au patron il a réagi d'une manière surprenante: "Oh, malheureux, il ne faut pas toucher à ça, il y a des gens qui ont été malades....etc etc...". Pas question de lui demander de nous faire une omelette ! Plus tard et pendant quelques années, les gens du pays à qui je parlais de morilles avaient à peu près la même méfiance ! Pour eux, les champignons c'étaient les cèpes et les lekaxù nous habitonines (girolles). Pendant plusieurs années, Je ne rencontrais pas de cueilleurs....
En avril 1982... Pour les vacances de Pâques, nous avions loué un petit appart au-dessus de la mairie du village. Les garçons avaient grandi et nous allions à la pêche tous les trois. Un matin, en traversant le saliga pour arriver au gave, je suis resté le pied en l'air au-dessus d'une magnifique morille à la vue de laquelle les garçons ont décidé de laisser les truites tranquilles et de s'occuper des champignons... Nous nous sommes retrouvés au bout de deux heures, eux, avec deux sacs de morilles et moi avec quelques-unes aussi sans les chercher.
Pas moyen de faire des conserves, on a tout mangé le soir (non, mais ça fond dans la poêle
) enfin, les garçons et le père ont fini la platée !
Le lendemain, je suis allé à la pêche tout seul, mais je n'étais pas en grosse forme : sueur, vertiges, tremblements tels que j'avais bien du mal à enfiler un ver sur l'hameçon... Retour à l'appart, je raconte mes ennuis. "Ah, me dit mon épouse, ce sont les morilles ! Les garçons sont comme toi mais Sonia et moi ça va bien."
Depuis je ne peux plus en manger sans retrouver vertiges et tremblements. Alors je ne les ramasse plus. Ça tombe bien, il y a maintenant une course aux morilles dans les saligas, c'est la folie !