15 janv. 2007 18:16
Rendez-vous à 21:00. Il y a de la brume partout, avec un petit crachin tout ce qu'il y a de breton, et un bon petit vent. A cause du brouillard, Jean-Michel décide d'aller dans un autre coin que celui prévu.
Après quelques kilomètres, à la limite des Monts d'Arrée, préparation. Avec une procédure tout ce qu'il y a de militaire, je suis investi du grade de porte-épuisette. Blue m'avait fait peur avec son épuisette, mais ici, top techno : canne à pêche carbone ultra-légère, filet léger attaché à l'extrémité (une de ces cannes de 7 mètres). J'écoute attentivement la leçon pour suivre Jean-Michel, me baisser lors du décollage de l'oiseau, le passage de l'épuisette de gauche à droite, le cercle de lumière à ne pas dépasser, la façon de glisser les mains sur la carbone sans faire de bruit, etc... Je sens qu'il y a de l'expérience derrière.
Lui est équipé du phare (un de ces gros projecteurs plus puissants qu'un phare de voiture) et des batteries dans le sac à dos qui contient aussi l'attirail du bagueur.
Et c'est parti dans une pâture. Donc pleine nuit, pas de lune visible, pas de lumière autre que celle du phare. Au bout d'un quart d'heure, je n'aurais pas été capable de retrouver la voiture !
Mais là la magie commence à opérer. Les seuls bruits viennent du vent et de quelques chiens au loin. Au bout d'un moment, une tête de bécasse qui sort de l'herbe. On s'approche sans bruit. Et l'oiseau décolle.
Instant magique où la bécasse décolle très lentement, verticalement, face à nous et face au vent, dans la lumière. On a l'impression que tout fonctionne au ralenti. Elle redescend lentement, passe à un mètre du phare, Jean-Michel s'écarte pour la laisser passer, puis elle s'éloigne, fait mine de se poser mais continue.
Jean-Michel casse la magie : "si tu n'avais pas parlé, elle se serait reposée". Je n'ai pas répondu, puisque je n'avais pas parlé. Mais je me rappelle avoir pourtant entendu un truc du genre "Ouah ! Terrible !". En fait, je pense que c'était moi. Mais cette vision de la bécasse était tellement forte que c'est sorti tout seul.
Dans le phare brillent les yeux gros et blancs des renards, verts des chevreuils, rouges des lapins et lièvres. Dans le silence de la nuit, voir ces yeux puis les silhouettes des bêtes sauvages est extraordinaire.
C'est incroyable de voir autant de lièvres dans une prairie, quand on sait le mal qu'on a de les voir à la chasse !
Plus tard, je rate une bécasse (trop lent, je n'avais pas assimilé la procédure correctement et je l'avais donc appliquée de travers). Heureusement puisque le coup d'épuisette que j'ai donné aurait parait-il tué la bécasse. J'y suis allé il est vrai avec la délicatesse de Nadal contre Federer, comme quand j'essaie de reprendre les faisans dans la volière. Dans le noir, savoir où va tomber le filet de l'épuisette au bout de la perche n'est pas évident !
Plus loin, deux bécasses démarrent juste à côté de nous. Nous ne les avions pas vues au phare.
Jean-Michel devant le peu de bécasses que l'on voit décide d'arrêter les frais et nous rentrons.
Donc pas de bête baguée ce soir. Mais la découverte d'un sacré truc !
Et dès que Jean-Michel a besoin d'un porte-épuisette, je suis volontaire !