Ce coin-là, je n'y ai pas mis les pieds l'an dernier, c'est donc un peu au hasard que je décide d'y faire un tour ce matin. Pas trop de changement au début, on longe le ruisseau et, à l'arbre tombé, on monte vers la crête. Je constate que le passage est fréquenté : les ronces étirées dans le sens du chemin et le blanc des feuilles à l'envers témoignent de quelques passages au moins hier ou même ce matin, puisque je ne suis arrivé qu'à 10h. Ici, les "pros" se lèvent tôt !
Au bout de la crête, je redescends par un pré au milieu duquel il y a une maison qui avant était inhabitée... Là, apparemment, il y a du monde... et même des canards ! Et comme un de ces crétins de volatiles se sauve en battant des ailes, Am'ka décide de prendre part à la course alors que le proprio sort sur le chemin

. J'ai toutes les peines du monde à récupérer le chien et, après avoir salué quand même le maître des canards, je me sauve dans le bois

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Mais il faut y entrer dans ce bois ! Le nouveau locataire a une conception particulières des clôtures et s'est contenté de coucher dans le sens des barbelés tous les arbustes d'une haie arrachée plus bas. Pas facile à escalader, ni pour moi, ni pour le chien !
Nous y voilà quand même. On marche en dévers, à ma droite la foutue clôture, à gauche plus bas un ruisseau très creux et presque à sec, le tout assez bien pourvu en fougères en touffes, ronces et troncs morts. Et pan ! Arrêt ! Le nez vers la "clôture" , là, ce n'est pas de l'incertain, c'est chaud, très chaud ! J'approche pour voir au-dessus des branches. Fla fla... Pan ! J'ai mal épaulé, gêné par ma veste mais elle est tombée, de l'autre côté et saute entre les ronces. Je ne double pas, pensant qu'Am'ka... Mais le drôle est parti au coup de feu, il n'a rien vu et remonte le long de la clôture, mais pas du côté de l'oiseau ! Dites-moi pourquoi je pose le fusil pour passer la clôture et entraîner le chien de ce côté

! Je me relève, pas d'oiseau visible ! Am'ka est passé aussi mais il est fou, n'écoute rien. Je reviens vers les monceaux de branches qui servent de clôture... Bon sang, la bécasse est de l'autre côté, toujours aussi sautillante ! Et le fusil qui est resté de l'autre côté

! Je reviens en courant au passage entre les trois rangs mal foutus de barbelés, la veste s'accroche au passage, je décroche, c'est le pantalon, en haut d'abord, puis en bas ! Enfin je tire, me retrouve à plat ventre du bon côté, récupère le fusil... Il est où cet oiseau ??? Am'ka arrive en express, passe devant et descend à toute allure le long des branches entassées. Rien ! On suit jusqu'en bas du bois, rien ! On remonte le long du petit ruisseau...rien ! On bat pendant un bon quart d'heure les deux versants, on refait la clôture, le ruisseau...rien! Décidément, la saison s'annonce mal ! Avant-hier je rate la première que je tire (sans la voir, même pas pu doubler) et aujourd'hui, on s'en perd une ! Allez, on va voir plus bas, on reviendra dans un moment...
Am'ka prend des allures d'indépendance, depuis quelque temps il n'obéit plus comme avant, que ce soit à la maison, en balade ou à la chasse. Là, je veux bien qu'il soit un peu excité mais quand même ! De plus, j'entends "haut" comme disaient les vieux chez nous et j'ai parfois du mal à situer le grelot. Justement, tiens, il est parti vers le bas, là où notre ruisseau se jette dans un autre, mais je n'entends plus rien... Tout à coup, c'est en l'entendant aboyer que je le situe à nouveau. A tous les coups, il l'a retrouvée et elle volète devant ! Je cours (autant que faire se peut) et vois passer... pas la bécasse, mais le chien, comme un V2, remontant ce second ruisseau, très sale et encombré. Là, le fusil est en ordre de marche, pas de quartier !... Le grelot va m'entraîner sur l'autre versant, suant et trébuchant, mais sans succès. La sueur me pique les yeux, je souffle comme une forge, bute sur chaque branche morte... Je crois qu'on va devoir arrêter la partie !
Je traîne encore un moment sur une rive puis l'autre mais il faut s'y résoudre, on ne la retrouvera pas...et... j'en ai marre !
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