Y'a des jours comme ça où une banale journée de chasse peut se transformer en un véritable festival de plaisir.
Ce dimanche, je fus invité dans une magnifique chasse de l'Indre, perdue près de la Trimouille.
Bref, après un petit déj copieux à base de rilettes, d'homelettes et autres fromages apétissants, nous sommes partis battre la campagne.
Les chiens (Cali, un autre setter anglais et un épagneul breton) s'entendent bien et après quelques remises en place de la part des dominants, tout le petit monde s'ébat follement dans les vastes étendues sauvages...c'est beau la campagne au petit jour!
1h de marche plus tard, pas le moindre animal en vue et soudain...je vois un coq branché sur une (branche) à 1m du sol et à 10m de moi...il s'envole. Je ne tire pas et me fais remonter les bretelles par mon père qui ne comprend pas pourquoi je laisse filer une si facile pièce (cette phrase est sûrement la réponse à sa question
Nous chassons vers ce coq qui manifestement n'a pas fait la fête hier soir et qui nous montre un vol digne des plus grands mirage 2000
Nous le relevons presqu'1km plus loin...et bien entendu, sans arrêt "officiel", la sanction est la même...
Presqu'11h30 du matin et toujours rien en vue....on commence à se poser des questions...mais nous ne perdons pas l'allure.
Soudain, Cali met le nez au sol et prend un émanation du tonnerre, remonte la piste et...frrrrrrr...une poule s'envole sans arrêt mais erreur de ma part, je tire et loupe
Je remets le nez du chien sur la place chaude pour rattraper mon erreur...et comme par magie, le chien s'arrête net...je suis content et je commence à repartir dans le sens inverse quand une seconde s'envole...je l'abbats d'un coup de 7 à 25m...je sauve la matinée (naïf que j'étais
Nous remontons un beau champ de blé noir moissonné et Cali reprends un émanation et fais voler un coq que nous ne pouvons tirer...je vais tout seul le relever...
J'arrive près de l'endroit présumé et comme prévu, le chien prend le pied le long d'un buisson très épaix...c'est chaud...et même très chaud...je demande de ralentir le pas quand il se bloque quelques secondes avant de me lancer, dans un soleil radieux, l'oiseau magnifique que je n'ai pas vue depuis des années entières...
La bécasse vous dis-je. Elle me saute à la figure, lancée par mon chien qui lui non plus, n'en croit pas ses cellules olfactives.
Une émotion intense m'envahie et fais passer mon premier coup à plusieurs mètre derrière la belle. Le second fais mouche et me propulse au sommet d'une montagne d'émotion que j'ai du mal à contenir. Je viens de tuer ma première bécasse et qui plus est, à l'arrêt, certes furtif, de mon jeune chien.
Je rentre au rendez vous tout seuls et quand les amis voient pendre, de mes petits poings sanglants, ces ailes mordorées (ça y est, je me prends pour Marcel Pagnol
Le repas est survolé et je ne vois, à chaque battement de paupière, que ce bec et cette queue en panache...c'est un rêve.
Prenez une respiration, je vous raconte aussi l'après-midi
Puisqu'il y a de la bécasse dans le secteur, nous partons la chercher...
Après quelques perdreaux levés par mon chien qui décidemment n'est vraiment pas assez prudent quand il prend une émanation, nous arrivons vers une remise qui semble propice...
Les anciens, peut être un peu fatigués, décident de passer par le champs et m'envoie directement dans un roncier quasi impénétrable...j'entends Cali pleurer à 10m derrière moi...mais on est chasseur ou on ne l'est pas. Si la bécasse ne vient pas à toi cali, alors, c'est à toi d'aller à la bécasse, lui souffais-je à l'oreille.
Nous nous comprenons...et je le vois s'applatir à 10 m devant moi. Pas de doute, il y a du pied...il avance doucement fais le tour du buisson, revient, ne sait pas quel bout le prendre, s'arrête, repars, me regarde, s'arrête à nouveau et bondit.
La mordorée était à 1m de moi et s'envole en contournant un arbre...je lache mon coup de fusil au coup d'épaule et je la vois qui tombe...
Les chasseurs situés dans le km autour de moi m'ont entendu crier de plaisir...
Je chasse depuis 10 ans et je tue mes 2 premières bécasses le même jours...fantastique.
Nous continuons et levons une 3eme que nous relevons plus de 3 fois...sans pouvoir l'atteindre...et c'est peut être pas si mal.
La fin de journée se termine par un magistral arrêt de Cali sur un coq planqué au coeur d'un bois impénétrable que je manque tout aussi magistralement...c'est pas grave!
Je vais finir (enfin me direz vous) par la citation de mon ours préféré : Il en faut peu pour être heureux





Mon bonheur? le regard de mes setters...



C'est affligeant, je finis mal l'année...



ADRIEN, un super recit ,je le vivais avec toi en le lisant.
